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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 16:46

MANOIR DU BILOU – LE CONQUET

 

Les premiers manoirs bretons sont apparus au XVe siècle, dans une période de paix et de prospérité venant après à la Guerre de Succession de Bretagne (1341-65) et la peste noire apparue en 1348. Le Conquet-Lochrist petite trêve de la paroisse de Plougonvelin n’a jamais possédé beaucoup de ces maisons nobles. De celles  dont il reste trace on peut citer Kerandiou, Poulconq et Le Bilou dont nous allons parler ici.

Le Bilou reconstruit après la seconde guerre mondiale, était situé au sud-ouest du Conquet au milieu de terres occupées depuis le mésolithique  (env 9500-5500 av) dans l’actuelle rue La Tour d’Auvergne.

La préhistoire

La trace d’habitat dans le secteur du Bilou est fort ancienne puisque remontant au moins au mésolithique  (aux environs de – 8 000 av J.C). C’est Armand Cudennec, voisin du site qui y a repéré (après des pluies, dans le champ labouré voisin de son domicile) les silex taillés. Il en a recueilli de pleines bourriches. Après une identification des pièces par l’archéologue départemental du Finistère, plusieurs années ont passé. Ce n’est qu’en 1999 qu’une prospection de surface et des sondages ont été réalisés par le service régional de l’Archéologie de Bretagne, avant la création d’un lotissement sur le gisement.

En ce qui concerne ce sujet il faut consulter l’article : « Le Mésolithique moyen en Finistère, nouvelles datations pour le groupe de Bertheaume », par Stéphane Blanchet, Olivier Kayser, Grégor Marchand et Estelle Yven. Paru dans le Bulletin de la Société préhistorique française, 2006, tome 103, N°3, p 507-517.

Autre trace préhistorique plus récente puisque de l’âge du Bronze : découverte  du coffre funéraire du Bilou, composé de six dalles de micaschiste avec grenats. Il était enfoui dans un tertre très bas, surmontant une carrière voisine du Bilou, avec comme mobilier intérieur des restes d’ossements et des galets de grève.  Démonté et transporté au musée préhistorique finistérien à Penmarc’h il y est toujours exposé. (la date et le lieu exact de la découverte vers 1950, restent incertains., les  « témoignages »  ne concordant pas.

Hamon Le Déauguer prend le titre de seigneur du Bizlou vers 1590-95. Quelques années plus tard, Gabriel de Kersulguen, seigneur du Bizlou, époux de Gabrielle Le Veyer de Poulconq, décède en 1708,  laissant 7 enfants dont la gestion des biens est exercée par leur oncle Hervé de Kersulguen qui se proclame seigneur du dit lieu. Ici prend place l’épisode de l’assassinat du notaire Le Duff, tué dans un guet apens  dans son manoir près de Saint-Mathieu par Vincent de Kernatous seigneur du Prédic et son oncle de Kersulguen. Leur forfait commis les deux meurtriers prirent la fuite  Condamnés à mort par contumace, leurs effigies furent pendues au gibet de Saint-Mathieu. (1718).

 Il semble que par la suite, les seigneurs du Bizlou, ruinés après l’affaire du meurtre, vivant de peu  comme la plupart des hobereaux locaux, cultivaient eux-mêmes leurs terres avec l’aide de quelques journaliers.

Le manoir devient ferme.

Cadastre de 1841 : Le manoir est exploité en ferme : les  parcelles 1353 « parc ar pors » 1354 «liors al leur» 1355 « maison, sol et dépendances » ainsi que les terres avoisinantes, dont la carrière « ar mengleuz », appartiennent à Jean Martin Leven, fermier, chef de famille et de même au recensement de  1851. La famille Gillet, puis Cam-Gillet lui succédera dans l’exploitation.

Le manoir en 1928, reconstitution Anne Cadiou. 

Le drame de 1944

La ferme Cam du Bilou et les maisons Podeur et Le Meur dans le voisinage des batteries des Renards sont évacuées le 4 avril 1944. Les Cam se relogent en ville, rue Le Gonidec, les bêtes et le matériel agricole sont hébergés chez Pouliquen à la ferme de Beauséjour.

 L’ordre de démolir la ferme Cam survient au début mai 1944. Le jour de la destruction, le 6 mai, un soldat allemand surnommé « Marc’h du » ou le « caporal noir », est venu chercher la famille Cam pour qu’elle assiste au spectacle. Selon François Cam, les Allemands ont dû s’y prendre à deux fois pour dynamiter les bâtiments. Ils iront même jusqu’à balancer la grande auge de pierre dans le puits « par pure méchanceté ».

Le lendemain, « Marc’h du » contraint les Cam à venir chercher au Bilou toutes les poutres de bois encore intactes après l’explosion, à les amener à Beauséjour devant la maison où ils ont trouvé refuge, et à les brûler.

Anne Cadiou, après une longue et minutieuse enquête auprès des derniers habitants du Bilou et de reconstitutions à partir de leurs souvenirs et de documents photographiques a pu reconstituer la silhouette du manoir tel qu’il fut avant sa destruction par l’occupant.

Anne Cadiou a principalement été conseillée dans la réalisation des plans du manoir et de ses vues d’ensemble par madame Marie Pouliquen, épouse de François Cam.  Cette enquête répond au souhait des nouveaux propriétaires de retrouver le passé et à Jo Gillet de visualiser dans son souvenir d’enfant, 5 ans à l’époque : la tour ronde et le pigeonnier.

Le manoir avant 1944, façade nord , reconstitution Anne Cadiou

                                             JPC / Anne Cadiou 2021

 

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