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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 14:11
J'ai mentionné dans le dossier "Causeur" une branche ascendante vers les "Le Scanff-Kerros", familles de maîtres de barques et armateurs de Porspoder-Landunvez aux XVIIe/XVIIIe. J'ai étudié autrefois les voyages maritimes de mes lointains ancêtres, à travers les rôles d'équipages et autres documents,  de leurs barques, sloups et brigantins, soigneusement conservés aux archives de la Marine à Brest.
En voici le fil conducteur.

UNE BRANCHE DE LA FAMILLE LE SCANFF

REGION DE LANDUNVEZ-PORSPODER

 

 Le Scanff : parfois écrit  Le Scaf, Le Scaff, Le Scanf, Le Scanff, Le Scanv…on peut proposer deux origines au nom :

 

-Skaff signifie petit bateau. Au moyen-âge, les navires transportant du vin se nommaient des escaffes, terme provenant d’un mot latin « cava » qui signifie cave ou cellier. Les  « pinardiers » du moyen-âge étaient assimilés à des caves flottantes. Les  Pors Cave, Pors Scaff, ont la même origine.

-Skanv en breton signifie léger.

  

Les Le Scanff faisaient partie à l’origine de la noblesse du Léon, ils sont au moyen-âge seigneurs de Keriel en Tréglonou et blasonnent « de gueules à la croix d’or frettée d’azur », armes que l’on retrouve sur l’enfeu de Jehan Le Scanff sénéchal du vicomte de Léon, dans la cathédrale de Saint-Pol de Léon et sur le vitrail qui le surmonte.

 

 

Au XVIIe siècle ils ont abandonné depuis bien longtemps leurs titres de noblesse pour se livrer à des professions bourgeoises plus lucratives. On note des Le Scanff notaires royaux au Conquet, des Le Scanff négociants, armateurs, maîtres de barques, à Lanildut, Porspoder, Landunvez, Morlaix etc…

 

La branche des Le Scanff qui me concerne vit alors sur la paroisse de Porspoder, non loin du port d’Argenton, ce sont des marins-armateurs-négociants.

 

Le premier repère est un Jean Le Scanff, né vers 1610-11,  il habite Keroustat où il décède en 1691 à l’âge de 80 ans.
 

Selon des informations communiquées par madame A.F Grall-Peres, Jean Le Scanff aurait eu comme épouse Françoise Provost. On trouve en effet à l'état-civil des enfants nés du couple Le Scanff - Provost en 1664, 1666, 1670, 1674, mais pas de Marc. A remarquer qu'à cette période le Jean Le Scanff mort en 1691, avait déjà aux environs de 55 ans.

Si on fait naître Marc Le Scanff autour de 1665, il aurait eu seulement 17 ans lors de son mariage avec Margueritte Guillart elle-même âgée d'environ 32 ans.
 

Marc Le Scanff, fils de Jean Le Scanff, a dû naître vers 1650-1655, en 1682 il épouse Margueritte Guillart, veuve Longin (parfois écrit Logen). Margueritte a de son premier mariage un fils François Longin. Le couple et l’enfant s’installent  au Radenoc.

 

















Radenoc ou Radenec, paroisse de Porspoder, à l’origine une lande de fougères (raden). Dans les années 1650, une des fermes du hameau appartient à Jean Guillart et à son épouse Marie Mathieu (alias Mazeau, en breton Mathieu = Mazé). Après la mort de Jean Guillart (1680) et de sa femme (1686), leurs deux filles Margueritte et Marie héritent chacune d’une part de ferme. A Margueritte « le bout oriental de la maison couverte d’ardoises, avec ses deux burons et quelques terres » 
 


Les naissances se succèdent chez les Le Scanff –Guillart :

Margueritte met au monde successivement :

-Guillaume               né en 1684, décédé à 12 ans en 1694

-Françoise                née en 1687

-Marie-Anne            née en 1688, décédé avant 1701

-Margueritte             née en 1690, parrain Briant, honorable marchand

 

La famille déménage alors pour s’installer dans la maison de Jean Le Scanff (père de Marc), à Keroustat où naissent d’autres enfants :

 

-Nicolas                   né en 1693, décédé à 18 ans en 1711

-Jean                       né en 1696

-Marie-Anne           née en 1699, parrain Gabriel Le Scanff, marraine sa sœur Françoise.

                                 Elle épouse en 1720 Tanguy Marzin.

 

La petite Marie-Anne n’a que deux ans quand meurt sa mère Margueritte Guillart (50 ans, 1701)

 

Marc Le Scanff, honorable marchand, reste veuf avec  Françoise (14 ans), Margueritte (11 ans) Nicolas (8 ans), Jean (5 ans) et Marie-Anne (2 ans), plus François Longin. Contrairement à l’usage de l’époque, Marc ne se remarie, semble-t-il, pas.

 

Marc Le Scanff a passé la première partie de sa vie à naviguer, comme matelot puis comme maître aussitôt arrivé à l’âge requis. En 1684 par exemple, il commande la barque  le Nicolas . Lorsqu’il délaisse la navigation, il s’installe comme marchand et armateur. En 1725 il possède des parts dans trois barques de commerce :

Marie Antoine,   13 tonneaux, commandée par Yves Beuzic

Marie Jeanne,    38 tonneaux, commandée par son fils Jean Le Scanff

Saint François,  50 tonneaux, commandée par Jean Le Hir

 

Ces barques font le transport principalement du sel entre les ports de Guyenne, d’Aunis et de Saintonge et la Normandie, la Picardie et la Flandre, et le transport du vin entre la région de Bordeaux et la Bretagne.

 

Le seul fils du couple Marc Le Scanff – Margueritte Guillart qui arrive à l’âge adulte est Jean Le Scanff, né en 1696 il n’a que cinq ans à la mort de sa mère. Elevé par ses sœurs, il va embarquer très jeune comme mousse (vers 9/10 ans, ce n’est pas un record, j’ai trouvé à l’époque des mousses de 7 ans). Novice puis matelot, il est reçu maître de barque en 1722. Vers 1725/26 il prend le commandement de la Marie-Jeanne dont son père est actionnaire. Il continue avec le même navire jusqu’à la déclaration de guerre avec l’Angleterre (guerre de Succession d’Autriche 1744-48). La paix revenue sur mer, il commande pour un armateur de Brest l’ Elisabeth, grosse barque de 80 tonneaux puis en 1752-54, le Saint-Joseph de Lanildut.

C’est son dernier embarquement, à la veille de la guerre de Sept-Ans, malade, il renonce à la navigation et meurt la même année ( à 58 ans en 1754).

 

Jean Le Scanff a épousé le 17 juillet 1724 Jeanne Page de Landunvez, Jean a 28 ans, la jeune mariée née le 26 avril 1707 a seulement 17 ans. Le couple s’installe alors dans la maison familiale des Le Scanff au Radenoc. Les Page sont marins et propriétaires fonciers/agriculteurs.

 

En 1734, Jeanne Page (fille d’Olivier Page) hérite de sa grand-mère Jeanne Chan, de terres à Porspoder, Larret, Lanildut, Plourin et Landunvez. A cette occasion le partage se fait en trois « lotties » : Budoc Page de Gorrequer en Landunvez et Marie Page du Vourc’h en Porspoder, enfants vivants de Jeanne Chan prennent les deux premières parts, Jeanne Page, fille unique d’Olivier Page leur frère décédé,  se voit octroyer la troisième part. (Je possède l’acte du partage)

Jean Le Scanff et sa femme gens aisés, sont qualifiés d’honorables personnes. A la mort de Marc Le Scanff (1735), ils abandonnent Radenoc pour Keroustat où la maison est certainement plus grande et plus confortable.

 

Les enfants de Jean Le Scanff et Jeanne Page :

 

Pendant les trois premières années de leur mariage les Le Scanff/Page ont sans doute eu un ou plusieurs enfants mais je n’en ai pas trouvé trace. Voici la liste des neuf suivants.

 

-Marie Jeanne, née en 1727

-Françoise, née en 1729, baptisée par vénérable et discret messire Jean Leost, prêtre, bachelier de Sorbonne, recteur de Landunvez. Parrain noble homme Pierre Kerros, marraine Françoise Le Scanff (sa tante). La fillette ne vit que deux mois.

-Margueritte, née en 1731 au Radenoc, parrain Matthieu Provost, lieutenant de la milice de Larret-Porspoder, marraine Margueritte Le Scanff  (sa tante)

-Jean,  né le 7 juillet 1732, parrain Jean Page son grand-père, marraine Margueritte Rioualen. (Voir plus loin, c’est de lui que nous descendons.)

-Jeanne, née en 1734

-Marc-Budoc, né en 1736, mousse à 10 ans sur le brigantin Marie Yvonne de Brest, reçu maître de barque en 1762, il commande le sloup Sainte-Anne dont le principal actionnaire est Nicolas Perruz du Radenoc, puis l’Ange Gabriel qu’il possède en co-propriété avec Gabriel Page. Marc-Budoc reçoit un brevet d’enseigne de vaisseau de la République en 1794.

Il abandonne la navigation en l’an XIII pour être gardien des signaux à Portsall. Il est marié à Anne Leizour.

-Yves-Marie, né en 1744, mousse à 13 ans sur le Saint-Joseph

-Nicolas, né en 1745, mousse à 14 ans, puis matelot, a fait 4 campagnes au service de l’Etat, marié à Honorée Lalla.

-Jean-Joseph, né à Keroustat le 19 août 1747, reçu maître de barque en 1776, marguillier de la paroisse en 1789, marié à Marie-Magdeleine Corric.

 

Jean Le Scanff, nous l’avons dit plus haut est mort l’année même où il a cessé la navigation alors que le dernier de ses enfants, Jean Joseph atteint à peine les sept ans. Un inventaire des biens du défunt est fait l’année suivante (1755) : le tout tient en un seul feuillet, pour une seule pièce nommée  « cuisine »

On y trouve : un tabouret, un banc dossier, un lit clos, un banc, un coffre en sapin, deux mauvais coffres, une barrique, une armoire, un lit avec son banc en bois de sapin, un bassin, un rouet, une maie, dix-sept assiettes de faïence,  six plats de terre, une vache, une génisse, cinq coëttes de plumes,  six couvertures, oreillers, draps de lit, une tasse, un gobelet d’argent, les hardes du défunt (50 livres), deux chandeliers, un fanal, une paire de balances, une vieille huche, deux cierges, une demi-douzaine de bouteilles de verre, trois plats d’étain, trois assiettes, la paille, les bois à feu, neuf cuillères de bois, neuf écuelles, une mauvaise pelle de fer, une horloge de demi-heure, une cuillère de bois pour le pot, deux tamis. Le tout estimé à 439 livres, somme extrêmement modeste.

 

Les commissaires estimateurs des biens étaient Nicolas Perruz, voisin et  allié de la famille, demeurant Radenoc, et Jean Matthieu du Poullou.

 

Il paraît étonnant que cette cuisine soit le seul bien de Jean Le Scanff, elle ne contient qu’un lit ce qui ne colle pas pour une famille dont les trois derniers garçons ont 11, 10 et 8 ans.

 

 

Nous continuons donc notre lignée avec :

 

Jean Le Scanff, fils de Jean Le Scanff et de Jeanne Page, né  en 1732, marié à Marie Françoise Kerros issue elle aussi d’une famille de marins et d’armateurs d’Argenton. Avec leur quatre enfants ils habitent au Radenoc.

Jean Le Scanff fait une carrière de marin comme son père et ses frères. Il est mousse au commerce, puis novice et matelot sur le St Jean Baptiste (maître Jean Leizour), matelot sur le St Joseph en 1753, et reçu maître en 1755 il remplace son père qui commandait alors ce St Joseph. Il réussit semble-t-il, à traverser sans trop de dommages cette époque de la guerre de 7 ans entre la France et l’Angleterre (1755-1763) où tant de marins léonards ont péri dans les combats ou sont morts prisonniers sur les sinistres pontons anglais.

La paix signée, on le retrouve maître de la barque St Jean Baptiste.

 

 Maître de barque et notable, Jean Le Scanff est sollicité pour des fonctions publiques, il siège aux délibérations du conseil de paroisse en 1759, 60, 61, 62, 65, 66.

28 septembre 1760, Jacques Corric demeurant à Kerivoret est désigné comme marguillier pour 1761, avec pour remplaçant en cas d'excuse Jean Le Scanff du Radenoc.
14 septembre 1762, Jean Le Scanff est nommé marguillier pour 1763,  avec pour suppléant en cas d'excuse Nicolas Le Hir.
Il est donc marguillier pour l’année 1763, lors de l’affaire du cimetière. Un édit royal interdit de continuer à inhumer les morts dans les églises, les paroisses bretonnes se rebellent ou essaient de contourner l’obstacle.
La raison de cet interdit est tout simplement une mesure d'hygiène, les cadavres pourrissant sous quelques centimètres de terre ou de dalles favorisaient la propagation de maladies épidémiques parmi les fidèles. La raison sanitaire aurait dû l'emporter sur l'habitude, mais nos ancêtres considéraient comme une infâmie d'être inhumé hors de l'église. Les exemples sont nombreux de paroisses où les morts ensevelis le jour dans le nouveau cimetièr,  étaient déterrés la nuit et enfouis à la hâte dans des fosses creusées sous le plancher de l'église par les familles et voisins.
La notion d'infâmie venant de ce qu'avant l'arrêt du Roi sur la réglementation des sépultures, seuls les hérétiques, excommuniés, suicidés, tous les individus mis au banc de la société catholique, étaient exclusx de la sépulture dans l'église.

Les paroissiens de Porspoder essaient de tourner l'arrêt royal en prétextant que l'on ne peut pas enterrer à cause de la nature du terrain, ailleurs que dans l'église.

 

Document, église Saint-Budoc de Porspoder.

« du vingt et troisième mai 1763, Jean Le Scanff marguillier en charge a convoqué au prosne de la grand-messe le général et corps politique de la paroisse et, nous assemblés, il a remontré que tous les paroissiens se plaignent que depuis l’arrest rendu qui défend d’enterrer dans l’église, les cadavres sont exposés à être dévorés par les bêtes, attendu que l’on en peut percer dans le cimetière qu’environ dix-sept à dix-huit pouces et qu’en l’église on peut percer jusqu'à sept et huit pieds sans être opposé par les rochers au lieu que le cimetière est tout trempli de rochers, étant au bord de la mer. A quoi les soussignés assemblés sont unanimement d’avis de donner pouvoir à monsieur le Sénéchal  pour présenter à la cour requêtes pour avoir la permission d’enterrer dans la dite église les cadavres qui mourront de maladies ordinaires et en cas de contagion de les faire enterrer où il sera ordonné par la Cour, requérant sur le tout l’adhésion de Monseigneur le Procureur Général du Roy, et ont signé avec Jean Le Scanff François Le Huiton, Jean Mathieu, Jean Buzic, Jean Le Moing, Joseph Lalla, Vincent Le Duff, Jean François Cor, Claude Marzin, Hamon Nezou, Joseph Ferellec, Pierre Marie Nedellec.

 

Le cimetière finira comme dans la plupart des paroisses par être relégué à l’extérieur du bourg, ( sur la route de Melon pour celui de Porspoder).

 

Jean Le Scanff a disparu en mer le 20 mars 1779, était-il embarqué sur un navire du Roi pendant la guerre d’Indépendance des Etats-Unis quand la France se battait contre l’Angleterre de 1778 à 1783), je ne sais pas.

 

Jean Le Scaff et Marie Françoise Kerros ont eu quatre enfants :

-Marie Corentine

-Joseph, né en 1770

-Mathieu, né en 1773, capitaine de transport, il épousera une demoiselle Petton et le couple habitera aussi au Radenoc.

-Jean François Budoc

 

 

Ma ligne directe issue des Le Scanff, continue par une des filles du couple Jean Le Scanff – Marie Françoise Kerros

 

Marie Corentine Le Scanff. En 1792 elle épouse un cultivateur Jean Quéméneur, fils de françois Quéméneur et et Brigitte Cavalen. Marie Corentine et son mari habitent Radenoc et tout naturellement ont plusieurs enfants dont :

 

-Marie Françoise  née en 1793

 

-Joseph Marie, né le 12 avril 1803, mousse à 15 ans en 1818 sur le sloup Le Commerce maître Jean Joseph Prat et second capitaine Mathieu Le Scanff, l’oncle du mousse. Plus tard Joseph  Marie sera aussi capitaine de commerce.

 

Marie Françoise Quéméneur se marie le 6 juillet 1829 avec un jeune homme originaire de Kervillarn en Plourin, il s’appelle Jean Marie Lannuzel, il est charpentier travaillant à la construction navale à Brest et habite Recouvrance. Jean Yves  Marie Lannuzel (que l’on appelle Jean Marie) est le fils de Robert Lannuzel qui fut cultivateur puis aubergiste à Plourin (décédé le 9 mars 1824) et de Marie Elisabeth Guillimin. Jean Marie est né le 24 ventose an IX à 4 heures du matin à Kervillarn.

Mathieu Le Scanff (56 ans) l’oncle de la mariée et Joseph Marie Quéméneur (36 ans), frère de la mariée, sont témoins au mariage.

Jean Marie Lannuzel et Marie Françoise Quéméneur viennent habiter Radenoc pour continuer à exploiter la ferme, car Jean Quéméneur le père de Marie Françoise est mort depuis le 13 juin 1818 et Joseph Marie son frère étant marin ne s’occupe pas de la ferme.

 

Marie Françoise Quéméneur et Jean Marie Lannuzel ont plusieurs enfants dont :

 

-Josèphe Lannuzel qui épousera Jean Antoine Léostic (qui se fait appeler Jean Marie Léostic)

-Marie Elisée Lannuzel (Elisa), née au Radenoc chez ses parents le 1er avril 1834, elle est déclarée à l’Etat-Civil par son oncle Joseph Marie Quéméneur et son grand-oncle Mathieu Le Scanff dont nous avons parlé plus haut.

 

En 1862 les « Causeur » font construire un bateau à Porspoder, Jean Louis Causeur, cultivateur à Beniguet, y fait la connaissance d’Eliza Lannuzel qu’il va épouser et ramener dans son île en face du Conquet.

 

Marie Françoise Quéméneur (que tout le monde appelait « Toss » selon Zaza Causeur) est décédée le 28 avril 1878 au village du Liou ou de Lehou, paroisse de Porspoder, veuve de Jean Marie Lannuzel et âgée de 85 ans. Déclaration faite par Jean Antoine Léostic son gendre, qui signe j m le ostic, et qui est âgé de 58 ans et par Jean Quentel, clerc de notaire demeurant au Spernoc.

 

Nous avons ici rejoint la branche des Causeur de Beniguet déjà mentionnée sur ce blog.

Jean Louis Causeur et Eliza Lannuzel

 

 

 

 

Les biens fonciers de Porspoder- Landunvez – Plourin…

 

Les biens fonciers acquis entre Porspoder et Plourin sont venus par héritages successifs des branches Le Scanff, Quéméneur et Lannuzel. A la fin du XIXe siècle ils semblent se constituer de la presqu’île Saint-Laurent, et de plusieurs fermes de part et d’autre de la « frontière » Argenton/Plourin.

La presqu’île Saint Laurent est déjà tout ou partie dans le patrimoine des Le Scanff à la fin du XVIIIe siècle, c’est un vaste domaine où se pratiquent la polyculture et l’élevage.

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Contribution de monsieur Olivier Moal : actes notariés de propriété de la presqu’île de Kermorvan, concernant les héritiers Le Scanff.

-29 germinal an 4                                               AD 29 Notaire Bougaran de Saint-Renan

Bail de 9 ans par Marie Françoise  Kerros veuve Le Scanff du Radenoc en Porspoder à François Le Gall marchand et Jean Quémeneur, cultivateur, les deux de Porspoder. Début à la Saint Michel 1798 ou 8 vendémiaire septième année républicaine, « toute l’isle de Saint Laurent avec ses appartenances et dépendances », Réservations : faculté de faire pâturer trois vaches, disposer du parc qu’elle y a fait clore, ainsi que du chemin de servitude à pied et à charrette pour manœuvrer le parc

Redevance annuelle de 150 livres en espèce sonnantes

La bailleuse se réserve une part et demie du goémon ramassé sur l’île, valant annuellement la somme de 6 livres, et la 36e gerbe des blés qui y seront recueillis.

Les preneurs auront la faculté de faire de nouvelles clôtures mais ne pourront sous affermer sans le consentement par écrit de la bailleuse et se conformeront au bail de 1787 devant Bougaran notaire.

A la fin de l’acte une dernière close est ajoutée « avant les signatures » convenu que les preneurs fourniront chacun un boisseau de seigle à la bailleuse au terme ci-devant fixé, en diminution du prix annuel (diminution qui n’est pas précisée !).

-12 Germinal an 5                                              même source

Vente à terme de réméré de 9 années de la moitié de la presqu’île Saint Laurent « cernée de la mer, excepté à l’endroit où l’isthme qui l’unit au continent, tourné vers l’orient » par Marie Françoise Kerros à François le Gall et Françoise Lézoc son épouse, de Créach ar Groas en Porspoder. Comme l’ayant acquise par contrat devant P Lunven notaire le 28 janvier 1755, contrôlé à Brest le 3 février suivant

Moyennant 1200 livres en espèces sonnantes, valeur de 1790 (vieux style)

La dite presqu’île autrefois chargée d’une rente annuelle de 63 livres 6 sols 8 deniers, « mais que la dite rente a été supprimée par l’effet de la Révolution » Faculté de réméré en remboursant en un seul paiement le prix total de la vente avec les frais, mises et loyaux contre (ce ?) que les acquéreurs auront déboursé.

-18 mars 1806                                                   AD 29 notaire Prat, 4 E 168 …

Remboursement par Jean Le Scanf, Jean Quémeneur et Marie Corentine le Scanf sa femme, procuratrice de Joseph Le Scanf son frère, de Marie Françoise Le Scanf épouse de Vincent Balch et Marie Françoise Petton épouse de Mathieu Le Scanf, de la somme de 1300 francs tournois en numéraire métallique (principal et frais), à François Le Gall cultivateur et marchand et Marie Françoise Lezoc sa femme qui retrouvent leur bail premier, au terme de réméré de 9 ans.

-21 mars 1806

Bail de 9 ans des mêmes à François Le Gall et femme pour 180 francs par an, 150 pour Jean Le Scanff, Marie Françoise Le Scanff et Marie Françoise Petton par égale portion et 30 francs à Jean Quéméneur et femme, (la suite n’est pas très claire), le couple Quéméneur serait-il celui qui est déjà le preneur de l’an 4, le preneur ayant épousé la fille de la bailleuse ???

De plus les héritiers doivent 1700 F à Le Gall, donc ils retiennent 150 F de paiement de bail chaque année !

Réservation : chaque propriétaire pourra faire paître deux vaches et envoyer quelqu’un ramasser et sécher du goémon

Avant le 25 Août1810,  de l'enregistrement)               même source   

Vente par JFB Le Scanff  du 5e de la presqu'île St Laurent à réméré de 5 ans, au sieur Guillard pour 1 200 F, donne 60 F par an à 5 % d'intérêt jusqu'au remboursement du principal.

Je pense que l’on pourrait retrouver l’acte d’acquisition (son résumé) dans la série C, et connaître le vendeur et le fief (je pencherais pour le fief du Châtel).

                                      Fin de la communication de monsieur Moal.

Ndlr : à réméré, signifie que le vendeur à l’issue d’un délai préfixé, peut racheter son bien au prix consenti à l’acheteur, plus les frais.

 Dans le cas présent, les héritiers Le Scanff vendent « provisoirement » des portions de la presqu’île à des locataires qui travaillent les terres et jouissent des revenus des cultures, puis au terme échu, les anciens propriétaires rachètent le bien, pour un prix augmenté des frais que le preneur a pu faire entre temps, édification de talus, amélioration des chemins, constructions de crèches etc…

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Les Lannuzel-Leostic-Causeur perdent leurs biens, dans des procès contre les ramasseurs de goémon-épave.

 

Les rives de la presqu’île Saint-Laurent sont des rochers où poussent les goémons nécessaires à l’engrais des terres et des criques où arrivent les goémons épaves que les paysans viennent ramasser après les tempêtes. Tout un arsenal de réglements et d’usages locaux codifient la récolte des goémons. Les Lannuzel-Léostic (et semble-t-il surtout le couple Jean Antoine Léostic – Josèphe Lannuzel) se lancent vers 1870-75 dans des demandes de redéfinitions des limites des rivages de la presqu’île qui n’ont jamais été été précisés autrement que par la notion vague de domaine public maritime lié à la pleine mer de plus grande marée d’équinoxe, et engagent  des procès sans fin contre l’Etat et contre les agriculteurs qui coupent les goémons des rochers de la presqu’île, en font des tas sur les dunes et traversent cette même presqu’île avec leurs charrettes.

 

Document. Archives de la Marine Brest, courriers de l’Amirauté.

7 mars 1875: Bornage de l'Ile St Laurent

Le sieur Leostic et la dame Lannuzel, propriétaires d’une presqu'île désignée sous le nom de Ile Saint-Laurent en Porspoder, se sont mis en instance, pour obtenir auprès du Préfet du Finistère, la délimitation de leur propriété du côté de la nier, afin de mettre un terme aux agissements des tiers et particulièrement des gens qui pratiquent la récolte du « goémon épave» lesquels envahissent constamment leur héritage, dégradent les rochers et enlèvent les produits.

 

Cette affaire instruite au premier degré par le service des Ponts et Chaussées a été considérée comme une question de simple bornage. Messieurs les ingénieurs proposent en conséquence de faire procéder au bornage du rivage maritime autour de l'île Saint-Laurent par un agent de leur administration contradictoirement avec les pétitionnaires, à leurs frais. La demande et le rapport des Ponts et Chaussées m’ayant été communiqués par le préfet du Finistère par avis, j ' ai fait compléter 1 * instruction par des fonctionnaires compétents et j'ai 1'honneur de vous soumettre le dossier de 1'affaire contenant les avis de deux administrations.

L'opération demandée par le sieur Leostic et la dame Lannuzel, soulève une question préjudicielle dont ne parlent pas les ingénieurs, mais que Mr le Commissaire Général n'a pas manqué de signaler. En effet comme le rappelle 1'article 19 de 1'instruction du 18 juin 1864, le bornage des propriétés contiguës  au rivage ne peut avoir lieu qu'après qu'un décret ait déterminé la limite de la mer. II faudrait donc d'abord commencer par fixer cette limite sur 1'île Saint-Laurent. La délimitation des propriétés Leostic et Lannuzel viendrait ensuite, comme opération accessoire. Et dans ce cas c'est au Ministre de la Marine qu’il appartiendrait, conformément à l'article du décret de la loi du 21 février 1852, de prendre l'initiative des instructions à donner. Mais dans l'espèce il est permis de se demander si l'objet de la pétition est assez important et touche à des intérêts assez sérieux pour qu'il soit impossible d'éviter les lenteurs et les dépenses qu'entraîne nécessairement la procédure complexe qui précède tout décret portant fixation des limites de la mer.

Monsieur le Commissaire Général répond négativement et tout en affirmant le principe, estime qu'il peut y être dérogé à l'égard de l'île Saint-Laurent. Je serais disposé à accepter cet avis qui offre l'avantage de conduire plus promptement à une solution pratique. Le seul Intérêt qui se présente ici en concurrence avec celui des pétitionnaires dont le but unique est d'assurer l'inviolabilité de leur propriété, est l'intérêt d'ailleurs minime de quelques individus récoltant le goémon épave. Il sera suffisamment sauvegardé par l'intervention des fonctionnaires auxquels incombera le soin de procéder au bornage.

Si cette conclusion obtient votre approbation, je vous proposerais Monsieur le Ministre d'adhérer au projet arrêté par messieurs les ingénieurs sous réserve que l'opération de bornage sera faite de concert par les administrations de la Marine et des Ponts et Chaussées, contradictoirement avec les propriétaires.

Une expédition du procès-verbal et du plan serait bien entendu remise à la Marine.

                                                          Baron Méquet.

6 décembre 1875 Le baron Méquet, commandant la Marine à Brest  annonce à son  ministre de tutelle que le rapport de délimitation du rivage de la mer le long de la presqu'île St-Laurent en Porspoder lui a été remis avec un plan.

 

 

Les Lannuzel–Léostic n’ont pas d’argent liquide pour poursuivre les procès qui durent de longues années, alors le notaire F….. de Ploudalmézeau leur en prête sur l’hypothèque de terrains et de fermes. A la fin les Lannuzel–Léostic n’avaient quasiment plus rien et le notaire a racheté à bas-prix les biens hypothéqués.

 

Jean Antoine Léostic, originaire de Lanildut, cultivateur,  meurt le 2 janvier 1897 à Pen ar Vur, il a 77 ans. Le décès est déclaré par son fils Yves Marie Léostic 45 ans, qui demeure à Argenton en Landunvez. A cette époque Josèphe Léostic doit être toujours en vie.

 

Le scandale de l’ « Emprunt Russe »  mangera les dernières économies de la famille, mais ceci est une autre histoire.  JPC

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commentaires

C
nom de jeune fille : le goaster. Je sais que mes origines "récentes" sont du Conquet (mon père Jean et son père Hervé) et c'est avec beaucoup d'intérêt que je viens de lire cette page d'histoire.<br /> Merci pour votre travail de recherches que j'apprécie d'autant plus qu'un de mes fils va faire sa soutenance pour être docteur en histoire (histoire de la marine fin XIX/début XX) dans un mois.
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