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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 19:22

Le Monument aux Morts, inauguration

J’ai plusieurs fois écrit que le Monument aux Morts du Conquet datait de 1921. Or je retrouve dans un dossier, la copie d’un article du journal le « Courrier du Finistère » du samedi 17 juillet 1920 relatant l’inauguration du monument.

 

En voici la retranscription :

« Ce fut par un dimanche ensoleillé (11 juillet) et devant une foule recueillie qu’eut lieu au Conquet l’inauguration du monument aux morts pour la Patrie. Ce fut devant l’église, à quelques mètres à peine de la vaste mer et du carrefour nautique où passèrent et repassèrent les navires de guerre dont plusieurs ne sont pas revenus. Le port de pêche du Conquet pleure à la fois des marins et des soldats et leur mémoire a été célébrée dignement

 

A 9 h ½, arrivaient les délégués brestois de l’Union des Combattants, venus apporter leur sympathie à leurs camarades du Conquet. En tête du cortège marchaient le porte-drapeau et les délégués, puis la section conquétoise de l’U.N.C, avec son président, le capitaine de Rodellec, suivis des autorités de la ville, des fonctionnaires, et retraités, et à leur suite la foule grave des assistants, tous défilant par les rues dans un ordre impressionnant. Sur le passage du cortège, des femmes qui ont perdu leur époux ou leurs fils, maîtrisaient à peine leur émotion ;

A l’église, trop petite pour contenir tout le monde, eut lieu la cérémonie religieuse, sous la présidence de monseigneur Roull, archiprêtre de Brest. Monseigneur prononça un éloquent discours patriotique où il associa au sacrifice et à la gloire de nos morts le nom de Jeanne d’Arc, dont la statue couronne le monument. De ce beau discours, il faut au moins citer quelques courtes phrases : «  Nous Bretons nous devons être d’autant plus fiers de tant d’exploits que pour les réaliser, Jeanne s’est beaucoup appuyée sur des Bretons, le duc d’Alençon, le connétable Arthur de Richemont, le premier neveu, le second frère de notre duc Jean V. Je ne cite que les plus illustres. A l’appel de ces chefs, un grand nombre de nos compatriotes s’enrôlèrent sous la bannière de Jeanne, qui put les compter parmi ses meilleurs soldats… ».

Oui recevez mes félicitations pour avoir unis le souvenir de Jeanne d’Arc à celui de nos morts.

 

Après le service religieux eut lieu la prise de possession du monument par le maire, monsieur Hortensius Tissier, au nom de la commune. Devant le monument et la façade de l’église, avait été disposée une estrade garnie de verdure et d’oriflammes. Sur cette grande estrade montèrent monseigneur Roull et le recteur du Conquet. Ils y furent reçus par monsieur Tissier, assisté du capitaine de Rodellec, de monsieur l’administrateur Bignon délégué du préfet maritime, et de monsieur Gouesnou, représentant de l’UNC brestoise.

 

Monsieur Tissier dans son discours rendit un hommage tout particulier aux soldats et aux marins de sa commune, morts pour le pays, et proclama la nécessité de l’idée de patrie, au-dessus et en dehors de toutes les opinions. Il associa à la mémoire des morts, le nom des chefs glorieux qui nous assurèrent la victoire. L’héroïsme dit-il, est une plante qui pousse toujours vivace sur le sol breton et sur nos côtes tout particulièrement. Ici il y a une sorte d’école de dévouement, puisque chaque jour, nos marins et pêcheurs vont au péril de leurs vies au secours des navires en détresse. C’est de cet esprit là que furent animés les soldats et marins que nous commémorons.

Le capitaine De Rodellec, d’une voix forte, proclama les noms de tous les morts glorieux inscrits autour du piédestal, et un murmure de sympathie courut dans l’assistance quand il épela le nom de son fils, lieutenant tombé sur le front**. Quand vos enfants apprendront à lire s’écria-t-il, faites leur épeler sur ce monument les mots sacrés : « Morts pour la Patrie ». Si, ce qu’à Dieu ne plaise, le tocsin venait à sonner encore, si la France devait s’opposer à nouveau à une lâche agression, la génération nouvelle, avec le même élan que se devanciers, accourait à son appel sans défaillance. »

Un des délégués brestois apporta à son tour son tribut d’hommage et de confraternité d’armes, et montrant le drapeau déployé de la section, il dit aux veuves : «  Venez à nous et craignez pas de vous adresser à l’UNC, pour y trouver renseignements, appui et réconfort. En prenant en main les intérêts des veuves et des orphelins de la guerre, nous ne faisons qu’acquitter une dette de reconnaissance envers nos camarades qui tombèrent victimes du devoir.

 

C’est dans une parfaite harmonie, et dans une concordance absolue, entre les autorités civiles et religieuses, qu’eut lieu l’inauguration, et les discours furent écoutés avec une attention pieuse. Puis la foule s’écoula lentement dans un sentiment de patriotisme recueilli.

 

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**De Rodellec du Porzic,  Yvan Alexis Anne Marie, né le 19 avril 1893 à Vouziers (Ardennes)

Fils de de Rodellec du Porzic Alexis Pierre Anne Marie, et de Bréart de Boisanger Louise Marie Margueritte Thérèse.

Matricule N°7683 au corps, classe 1913

Matricule N° 2172 au recrutement à Brest

 

Incorporé au 64e RI  3e Cie, régiment caserné à Saint-Nazaire en 1914.

Yvan De Rodellec du Porzic y a été mobilisé comme lieutenant.

Son acte de décès porte la mention : chevalier de la Légion d’Honneur

 

Mort des suites de ses blessures de guerre à la Croix-en-Champagne (Marne) le 22 novembre 1915 à 6h.  Acte dressé par Mérienne Lucien Arthur, officier d’administration chargé de la gestion de l’ambulance 5 du XIe Corps d’Armée, assisté de deux infirmiers comme témoins.

Sa tombe se trouve, ornée des armoiries de sa famille dans le cimetière de Lochrist.

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Dans le même journal que plus haut, on relève dans le numéro du 18 février 1922 : "Trophées de guerre, en plus des quatre obus allemands octroyés à notre ville, la municipalité a reçu deux mitrailleuses de petit calibre, prises aux Allemands pendant la guerre. Ces trophées viennent d'être placés dans la salle du conseil municipal.

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Le 90e anniversaire de l’armistice de 1918 a été célébré dans toute la France, le 11 novembre dernier. Pendant un an, j’ai essayé (en vain) d’intéresser les Conquétois à cette époque douloureuse de leur histoire. Avec l’association « Phase » de Plougonvelin, nous avons cependant monté une exposition que le public a jugé « de qualité », relatant en textes et photos, et par des objets « de terrain », l’implication des communes de Plougonvelin, Le Conquet, Trébabu et Locmaria-Plouzané dans la Première Guerre Mondiale. Cette exposition inaugurée le 8 novembre 2008 a duré un mois et a connu un succès populaire gratifiant. Maintenant les panneaux sont rangés jusqu’en 2018.

J’ai recueilli pour la plupart des 59 « morts pour la France » inscrits sur le monument les circonstances de leur engagement et de leur décès ou de leur disparition au front ou en mer. Est-ce que cela vaut la peine que j’en fasse la relation dans ces colonnes ? Je l’ignore.  JPC

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commentaires

C
Bonjour,<br /> Il y a déjà un certain temps déjà,j'avais pris connaissance de votre article qui m'a hautement intéressé.<br /> Si j'y reviens aujourd'hui, c'est que je cherche désespérément l'auteur de la statue de Jeanne d'Arc qui couronne ce Monument aux Morts.<br /> Pour moi, il pourrait s'agir d'une œuvre d'Elie Le Goff - 1858 - 1938 :<br /> Famille d’artistes : Elie le père, à qui l’on doit de nombreuses œuvres à St-Brieuc et dans la région, notamment des monuments aux morts.<br /> Trois de ses fils (Elie, Paul et Henri) suivirent sa vocation mais furent tués pendant la Première Guerre mondiale.<br /> Si vous aviez une information à ce propos, voudriez-vous, S.V.P. la partager avec moi, je vous en remercie d'avance, car j'ai entrepris depuis 1990 un inventaire non exhaustif de la statuaire<br /> johannique, des vitraux et des plaques commémoratives toujours en rapport avec Jeanne d'Arc.<br /> En espérant avoir de vos nouvelles<br /> Chantal
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