« Tevel hag ober » « Se taire et faire », variante : "Se taire et agir"
Le Conquet : chapelle Notre-Dame de Bon-Secours
Pierre Du Val, sieur de Kerret et son épouse Margueritte Kermarec, demeurant sur le port du Conquet, et possédant différents biens dans la trêve de Lochrist, font donation le 6 septembre 1673 à l’église, « d’une petite maison couverte en ardoises, située au Conquet sur la rue menant de Saint-Christophe à Kerafrice, en laquelle est décédé dom Michel Le Nobletz, ainsi que son jardin…
En échange Pierre Du Val et Margueritte Kermarec seront libérés d’une rente de six livres tournois par an qu’ils devaient à l’église d’après le testament de demoiselle Isabelle Du Val leur tante.
En outre ils donneront cent livres tournois pour transformer la maison en chapelle et pour avoir droit de faire placer à leurs frais leurs armes et devises sur la maîtresse vitre de cette chapelle ».
Dessin signé L ar G ( ?), extrait de La Vie du Vénérable Dom Michel Le Nobletz, par le Vénérable Père Maunoir. Chanoine H. Pérennès, Saint-Brieuc 1934.
La maisonnette fut transformée en oratoire puis en chapelle sous le vocable de Notre-Dame de Bon-Secours. Mais rien ne prouve que le blason des Du Val de Kerret ait été mis en place.
Je ne sais pas comment le premier des du Val de Kerret est arrivé au Conquet au XVIIe siècle, sans doute par mariage.
En 1670, (état-civil) j’avais autrefois noté Pierre du Val sieur de Kerret, Jean du Val son fils.
En 1688 (ADF), déclaration de renonciation à la succession tant mobilière qu’immobilière de N.H François du Val demeurant au Conquet, de la part de sa femme demoiselle Anne Le Moal.
1708, (état civil), mariage de François du Val, veuf de défunte Marguerite Pronost, et demoiselle Françoise Deincuff, fille d’écuyer Hervé Deincuff, et de demoiselle Anne de K/ian.
Les armes de cette famille originaire de la région de Morlaix (Saint-Martin des Champs) étaient :
« D’argent à deux pigeons d’azur affrontés, becqués et membrés de gueules, becquetant un cœur de gueules. (C’est-à dire : sur fond couleur argent, deux pigeons de couleur bleue, face à face, aux becs et pattes rouges, picorant un cœur rouge). Avec quelques variantes suivant les illustrateurs.
Leur devise était comme indiqué en titre « Tevel hag ober », « Se taire et faire».
Représentation des armes des Du Val de Kerret. Michel Mauguin. Armorial de la grande paroisse de Plougonvelin. 2004.
Ma curiosité a été récemment attirée par la mention d’une devise semblable existant dans un vitrail de l’église de Brasparts et aussi dans un vitrail du transept sud de la petite chapelle de la Madeleine dans la paroisse de Pleyben. Je m’y suis donc rendu.
Cette chapelle dépendait de la seigneurie de Quillien, toute proche, dont le manoir appartenait déjà au XVIe siècle à la famille de Kerret. Sur les terres de ce lieu noble, réduit à l’état de ferme (bâtiments annexes aujourd’hui restaurés), a été édifié entre 1851 et 1861 pour Maurice de Kerret, un vaste château d’inspiration Louis XIII.
Ma surprise, fut de découvrir que le maître d’œuvre de cette grande maison bourgeoise fut Joseph Bigot (Quimper 1807-1894), architecte principal du département du Finistère, puis directeur des édifices diocésains à partir de 1837, celui-là même à qui on doit la reconstruction de la « nouvelle » église du Conquet, bâtie entre 1855 et 1858, à laquelle a collaboré Ernest Le Guerrannic, (Le Conquet 1831 - Saint-Brieuc 1915). fils du maire du Conquet, Jean-Marie Le Guerrannic et de Marie-Jeanne Provost, architecte de l’arrondissement de Brest puis concepteur de nombreux monuments religieux dans le Finistère et dans les Côtes-du-Nord). (Voir Ernest Le Guerrannic Wikipedia).
Les armes des de Kerret figurent au-dessus de la porte d’entrée du château de Quillien.
On trouvera une riche étude sur la famille de Kerret, sous l’adresse http://www.tudchentil.org/img/pdf/kerret_de_2
JPC 30 mai 2013