Un équipement de sauvetage bien discret : "la ligne Brunel"
En juillet 2004, un couple de visiteurs dans l’ancien abri du canot de sauvetage du Conquet se montrait particulièrement intéressé par un petit matériel présenté dans une vitrine.
D’un étui en cuir, ouvert, sortait une bobine en bois garnie d’une cordelette terminée en son extrémité par un petit grappin à quatre branches. Une étiquette dénommait l’engin « ligne Brunel ».
Le hasard voulait que madame C. habitant Annecy, soit l’arrière-petite fille de Joseph Jean-Baptiste Alfred Brunel, dont elle connaissait l’invention mais sans avoir jamais vu une « vraie ligne ». Celle-ci provient du premier abri du canot de sauvetage du Conquet, converti partiellement, un temps, en bureau des Douanes.
Joseph Brunel :
Né près de Dieppe en 1830, lieutenant des Douanes, fils et petit-fils de douanier, il se fit dès son jeune âge remarquer par des sauvetages. Ces actions au secours des autres, durèrent toute sa vie professionnelle et au-delà.
« M. Brunel, lit-on dans La Science Illustrée, N° 340, 1894, Page 59, lieutenant des douanes en retraite, résidant à Dieppe, est un sauveteur intrépide dont les actes de dévouement ne se comptent plus. Nombre de malheureux en péril ont dû la vie à son intervention individuelle. Maintes fois, il s'est jeté à l'eau, tout habillé, la nuit, et même en plein hiver pour repêcher des marins qui se noyaient. Son existence, de par la profession qu'il exerçait, s'est passée au bord de la mer. Il s'est rendu compte qu'en l'absence d'un homme assez énergique pour se précipiter au secours d'un infortuné en détresse, un engin pratique, d'un maniement facile, rendrait le plus souvent le, même office, sans mettre en danger la vie du sauveteur ».
Il existait déjà des engins portatifs destinés à être lancés à des personnes se noyant à proximité du bord, comme la gaffe Legrand, ou la ligne Torrès, du nom de son inventeur en 1865.
Brunel après plusieurs prototypes de tailles différentes, propose la « Dieppoise Universelle » qui deviendra la ligne Brunel au début des années 1870.
Les douaniers portuaires en furent rapidement équipés. En cas de nécessité ils sortaient l’objet de son étui. En présence d’une personne consciente, en train de se noyer, ils lui lançaient la bobine (flottante) reliée à la cordelette, que la victime tentait de saisir pour se faire ramener à terre. Dans le cas d’un corps inerte, les douaniers tentaient de l’accrocher avec l’extrémité du cordon muni du grappin.
La bobine est creuse à une extrémité pour y ranger le manche du grappin.
La Société Centrale de Sauvetage des Naufragés (SCSN) rapportait dans ses Annales les interventions opérées par les douaniers avec ces types d’engins, au même titre que les sauvetages réalisés en mer par les canots.
Joseph Brunel est décédé à Dieppe en octobre 1900.
Sources Snsm Le Conquet (photos JPC). - Engins de sauvetage, la ligne Brunel, dans la Science Illustrée, texte de G. Teymon. - Etude de Michel Boye, conservateur du Musée de Bordeaux.
5-septembre 2012- JPC