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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 18:03

 

J'ai fait paraître dans le dernier bulletin municipal du Conquet une version abrégée

  de celle qui suit. 

 

 

Charles Lombard.

 

Soldat de la République

Rien ne le prédestinait à venir s’installer un jour au Conquet et encore moins à en devenir le premier magistrat, puisque né le 20 août 1773 à Dampierre sous Salon dans la Haute-Saône (nord-nord-ouest de Besançon), fils de Jean François Régis Lombard, commis aux journaux et de Jeanne Françoise Sauvageot son épouse. Parrain Charles Sauvageot, avocat au parlement et marraine Joséphine Daubigny.

 

 A 18 ans ½, le 4 février 1792, il s’engage dans les armées de la République, incorporé dans l’infanterie au 89e Régiment de ligne. Le 20 septembre il a son baptême du feu à la célèbre bataille du moulin de Valmy, les généraux Dumouriez et Kellermann repoussent les Prussiens du duc de Brunswick, l’invasion de la France est stoppée.

Lombard a la spécialité de fourrier quand la France entre à nouveau en guerre le 10 février 1793. Passé au 16e bataillon d’infanterie de ligne en mai, il est nommé caporal-fourrier le 11 juin 1793, puis sergent-major le 3 août.

-Adjudant-Sous-lieutenant, 30 janvier 1794 (11 pluviôse an II)

-Lieutenant, 1er septembre 1795 (15 frimaire an III)

-Capitaine – Adjudant-major, 23 septembre 1795 (1er vendémiaire an IV)

Il est toujours dans l’infanterie, et dans le sillage du général Lazare Hoche . Après avoir servi dans l’armée du Rhin, il combattra les Vendéens et les Chouans jusqu’à leur défaite et c’est dans l’armée de l’Océan qu’il va participer à la désastreuse expédition d’Irlande. 45 bâtiments et 15 000 hommes quittent Brest le 16 décembre 1796, Morard de Galles est chef d’escadre et Hoche commande les troupes de débarquement.  D’entrée le vaisseau le Séduisant se perd sur l’île de Sein, provoquant la mort d’un millier de marins et soldats. L’escadre n’ayant pu débarquer à Bantry, mais ayant subi des pertes sérieuses, rentre à Brest à la fin du mois. Pour l’anecdote, une embarcation du vaisseau La Résolue a fait côte en Irlande, conservée précieusement par un riverain, puis confiée à un musée, la « yole de Bantry » a servi de modèle en 1980 aux yoles Fraternité et Amitié, et depuis à de nombreux canots similaires, présents aux fêtes du patrimoine maritime.

A Brest, Hoche récupère ses régiments d’infanterie, dont celui ou sert Charles Lombard et les incorpore en février 1797 dans l’armée de Sambre-et-Meuse dont il a été nommé général en chef. Revoilà Charles Lombard sur les frontières du nord-est. Pas pour longtemps, en l’an VI, il est repassé dans l’armée de l’Océan, puis dans l’armée d’Angleterre en l’an VII et dans l’armée de l’Ouest, an IX et an X.

Sans doute en garnison à Brest, il épouse le 20 nivôse an XI (10 janvier 1803) à Recouvrance, Rose-Marie-Pélagie Le Hir, fille de François Le Hir et de Marie-Michelle Marzin. Un garçon né le 24 frimaire an XII (15 décembre 1803) est prénommé Marc-Marie-François Charles. Signent comme témoins, Joseph-Marie Kerros, négociant à Recouvrance et Marc-Yves Marzin, oncle maternel, aussi de Recouvrance.

 

Le capitaine de l’empire : Depuis sa nomination au grade de capitaine en 1795, et jusqu’à son départ en retraite, Charles Lombard  ne change plus de grade.

 

Capitaine au bataillon de Belle-Isle-en-Mer il est absent lors de la naissance de sa fille Justine-Marie le 24 octobre 1811, toujours à Recouvrance. Il se fait représenter par François-Marie Le Bihan pilote de l’Etat. Les témoins pour l’état-civil sont Pierre-Marie Richard, négociant à Brest, cousin germain de la mère de l’enfant et Pierre Floch, marchand au Conquet, bienveillant. La fillette seulement âgée de 14 ans, décèdera au Conquet le 27 décembre 1825.

 

Dans le tourbillon des guerres napoléoniennes, notre capitaine servira, au régiment de Belle-Isle devenu le 36e régiment d’infanterie légère, dans les armées de Pologne et de Russie.

Le 36e léger se trouve en 1812 en réserve dans différentes places-fortes entre le Rhin et le Niemen, avant d’être engagé dans la bataille de Leipzig, 16-19 octobre 1813, défaite française, mais où sans doute Lombard a été promu chevalier de la « Légion d’honneur ».

 

Ralliement aux Bourbons.

 L’empereur Napoléon 1er capitule en 1814, de nombreux régiments se rallient à Louis XVIII qui réorganise l’armée. Charles Lombard conserve son grade de capitaine au nouveau 14e régiment d’infanterie légère formé à Bastia. Il affronte alors sous la « bannière des lys » l’insurrection bonapartiste corse et y gagne les insignes de « chevalier de l’Ordre royal de Saint-Louis ».

 

Capitaine de carabiniers il met fin à sa carrière militaire le 1er septembre 1815, il va toucher la ½ solde des militaires retraités et conserver sa Légion d’honneur, validée par un serment prononcé au Conquet le  1er septembre 1816 : « Je jure d’être fidèle au Roi, à l’honneur et à la patrie … et faire tout ce qui est du devoir d’un brave et loyal Chevalier de la Légion d’honneur ». Suit la signature caractéristique des francs-maçons avec les trois points.signature-lombard.jpg

 

Charles Lombard, retraité conquétois puis maire de la cité.

Il s’installe au Conquet en 1816 avec sa femme, Rose Marie Pélagie Le Hir et ses deux enfants aînés. Marc-Marie en 1823 est élève en pharmacie à Brest. Une seconde fille, Rose-Françoise Félicité,  naîtra au Conquet le 22 juillet 1824 dans la maison achetée en 1819 (240 francs), sur le quai du Drellac’h, maison à escalier extérieur (N°23).

Témoins pour l’état-civil, Désiré-Louis-Marie Jacolot, 27 ans, notaire royal, et Augustin-Gabriel-Mauguet de la Sablonnière, 60 ans, inspecteur des signaux.

 cadastre 1841

 

 

En 1832, c’est lui qui est tout naturellement choisi comme capitaine de la garde nationale du Conquet. Le préfet le désigne comme maire en 1837. La population est recensée à 1 273 habitants. La mairie est toujours au 5 rue Saint-Christophe.

Lombard est aux premières loges, puisqu’il habite sur le quai quand les cales du Drellac’h en construction depuis 1836 et pas encore terminées, sont détruites par une violente houle conjuguée à la grande marée dans la nuit du 24 au 25 février 1838. Il ne reste plus qu’à les reconstruire. L’Etat en profite pour acheter afin de les raser deux des trois magasins, celui de Mazé-Launay (1839) et celui de  Bourc’his (1840) qui bordaient encore la partie Est du Drellac’h dans le prolongement de la cale amont, et les deux maisons Le Coat (1845) parcelles 295-296, au-dessus de la cale aval.

 E. Le Guerrannic Vue détail

Dessin d’Ernest Le Guerrannic, (détail).  Le quai est presque terminé, il reste à l’Etat à acheter pour le  démolir le magasin de madame veuve de Bergevin, (parcelle 297),  au premier plan à gauche qui cache la maison de Lombard. (Je me suis trompé en écrivant Bourc’his en légende du bulletin municipal). Cela ne sera effectif qu’en 1868, le bâtiment  de 98 m² appartient alors à Gustave Félix Marie Briot de la Mollerie, lieutenant de cavalerie au 5e Dragon en garnison à Lunéville. L’affaire se fait pour 500 francs.

   

Le quai fini, les petits navires de commerce pourront plus facilement manutentionner leurs marchandises en accostant le long des cales.

 La municipalité qui manque toujours autant de ressources pour venir en aide aux nombreux malheureux du Conquet pense alors à ouvrir de nouvelles carrières de pierres plates (schistes), dans les terrains incultes de Pors-Feunteun (Le Bilou) et de Portez qui lui appartiennent. Double but : faire entrer de l’argent pour subvenir aux besoins des pauvres en vendant les pierres aux communes environnantes et fournir du travail aux carriers qui seront payés pour les pierres de 25 cm à 1,25 m, un centime par pièce ou un franc par cent et pour celles de 1,25 m et au-dessus, deux centimes par pièce. On accusera plus tard les carriers d’avoir complètement détruit le relief rocheux naturel prolongeant en mer la pointe Sainte-Barbe  et offrant au Conquet un rempart contre la houle de sud-ouest.

 

Un certain flottement marquera la fin de son mandat, il est souvent malade, c’est son adjoint Louis Marie Jacolot, notaire, qui gère les affaires courantes. Lombard laisse la mairie en 1843 à Jean Marie Le Guerrannic (fils).

Retiré des soucis municipaux, Charles Lombard se signale quelques années plus tard, début septembre 1848, en devenant le premier président de la Société Littéraire du Conquet, fondée par lui-même et quelques notables locaux : Tissier aîné, (manufacturier), Le Roy (notaire), Blanchard (médecin), Marchand Patrice-Michel, buraliste et ancien lieutenant de vaisseau, (chevalier de la Légion d’Honneur), Rigollet (négociant), Penfrat (propriétaire), et Gloaguen recteur, et qui a pour unique but la lecture, toute discussion politique y étant interdite (cela peut se comprendre, nous sommes dans les débuts difficiles de la Seconde République)

 

Charles Lombard est mort le 3 décembre 1851 en son domicile du Drellac’h, à l’âge de 78 ans. Deux Conquétois, Victor Thomas, sous-commissaire de la Marine et Louis-Félix-Marie Penfrat, capitaine de commerce font la déclaration à l’état-civil. Son épouse Rose-Marie lui survivra trois ans, « propriétaire », elle décédera (70 ans), le 5 décembre 1854, Martial Kéruzoré, maître de port et Joseph-Louis Massé, médecin ont signé le registre municipal.

 

 Quai-Drellac-h-detail.JPG

 

La maison et le jardin Lombard sont ensuite la propriété de mademoiselle Richard qui en 1858 et en 1867, la loue aux Ponts et Chaussées pour le service des phares. En 1882, le bien est noté propriétaire Cloatre.

         .                                    

                                                  JPC / Janvier 2013

 

 

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 17:56

PENHEP -  BEAUSEJOUR - MAIRIE

 

Place de Brest. Dans les temps anciens, c’était l’entrée de la ville du Conquet, le lieu se nommait Gorre-Conq, (de gorre = hauteur), par opposition à Poul Conq, le marais d’en bas du Conquet. Gorre Conq dans les actes notariés était aussi nommé « Montagne du Conquet ».

 

Les seigneurs de Gorre-Conq-Penhep y avaient leur manoir. Plus tard ce fut la place d’armes avec un corps de garde. L’endroit était fort animé, particulièrement lors des deux foires annuelles de mai et de septembre. Le marché aux chevaux s’y tenait. C’est là aussi qu’arrivait et repartait la diligence de Brest.

 

Au milieu du XIXe siècle, tous les terrains au sud de la place de Brest étaient des pâtures et  des terres labourables, à divers propriétaires (voir cadastre de 1841). Seulement deux petites parcelles paraissent loties (413-414), elles appartiennent  alors à madame veuve Taburet de Saint-Renan et
donnent sur la rue Bernard (rue Pasteur).


Je l’ai évoqué dans les chapitres consacrés à la famille Tissier, François Benoît Tissier achète dans les années 1850,  pièce à pièce, toutes les parcelles, qui réunies en un vaste ensemble vont constituer son domaine de Penhep. La grande maison bourgeoise dite « château de Penhep » a été construite en 1859-60. Mademoiselle Marie Tissier de Saint-Albin en hérite en 1886. Après son divorce en 1922 elle vend son bien à un photographe brestois : Nicolas Goaëc, domicilié 12 rue Jean Jaurès à Brest.

 

Le Conquet depuis l’arrivée du tramway en 1903, attire estivants et touristes. Nicolas Goaëc entreprend de transformer la maison Tissier en un hôtel ouvert à une clientèle aisée, bien situé en entrée de ville (gare du tramway) et à proximité des plages et du port.

Les cuisines sont installées en sous-sol, un discret monte-charge, caché dans une fausse armoire, amenait les plats jusque dans la salle de restaurant  en entresol. Il existait encore lors de la transformation du bâtiment en 1999-2000. Goaëc fait construire un garage pour abriter les automobiles des clients et en terrasse aménage « l’annexe », une série de quelques chambres supplémentaires. Le personnel de l’hôtel se compose de Goaëc et de son épouse, plus trois employés.

Il fallait un nom au nouvel établissement : Hôtel du Beauséjour a été inscrit sur sa façade, on aurait pu attendre quelque chose de plus original, mais bon… Nicolas Goaëc a tenu son affaire pendant une dizaine d’années puis, à l’âge de la retraite, a quitté Le Conquet en 1931-32.  Aucun repreneur ne s’étant présenté, l’hôtel a été un moment fermé puis la Ville de Brest en a fait l’acquisition en 1935, pour y héberger l’été, des colonies de vacances.

 

On m’a certifié qu’après la Guerre d’Espagne, des républicains espagnols y ont été placés en résidence surveillée. Je n’en ai pas trouvé confirmation (alors si quelqu’un peut compléter cet article, merci).

 

Pendant la guerre 1939-45, les Allemands ont établi une de leurs  « Kommandantur » dans l’ancien hôtel. Lors des combats pour la Libération du Conquet début septembre 1944, plusieurs soldats allemands ont été tués en divers lieux de la commune et enterrés provisoirement dans le parc de Beauséjour, non loin d’un « bassin rectangulaire », selon la mémoire locale. Après la guerre, les corps ont semble-t-il été exhumés et transférés au cimetière militaire de Lesneven.

 

En 1946, la vie a repris son cours, les petits colons de la ville de Brest reviennent passer les étés au Conquet. Une cantine et des dortoirs sont édifiés le long du mur qui longe la rue Bernard. Un gardien et sa famille vivent à l’année dans un des pavillons symétriques construits par Tissier à l’entrée de la cour d’honneur de sa maison.

Je crois savoir qu’il y avait à l’intérieur de la propriété une ferme dont les tenanciers exploitaient les terres (merci de me renseigner à ce sujet, j’intégrerai ici les informations qui pourront m’être apportées).

 

En 1975, le bâtiment de Beauséjour, ne correspond plus aux exigences d’un accueil convenable pour des enfants et leurs moniteurs, la ville de Brest ferme sa Colonie de Vacances, et le domaine reste à l’abandon pendant de nombreuses années. Seules les petites salles des anciens dortoirs sont prêtées à diverses associations locales, pour des réunions ou des fêtes occasionnelles. Je me souviens en particulier d’ « arbres de Noël » de la station Radio-Conquet et en 1980, nous avons avec quelques  amateurs d’histoire locale, organisé dans l’une des salles une exposition de cartes postales, photos et objets anciens, qui a connu à l’époque  un joli succès.

 

En 1988, la municipalité conquétoise (François Le Borgne, maire)  prend d’abord une option, puis fait l’acquisition de l’ensemble de la propriété de Beauséjour.


                                                                                 


 même année, une association « Gouel ar Mor » qui a organisé les fêtes de la mer au Conquet en 1985 et 87, décide de réinvestir une partie des bénéfices réalisés lors de ces manifestations, dans une action culturelle. Ainsi est née l’idée d’un musée. Grâce à la diligence de madame Berthou, conseillère municipale, l’association a eu à disposition le petit bâtiment « maison de gardien de Beauséjour » qui, restauré et aménagé par des bénévoles, a  de 1989 à mai 1999, abrité le « musée du Conquet, histoire locale et histoire maritime ». L’Office du Tourisme occupant le bâtiment symétrique de l’autre côté de la grille d’entrée, bâtiment qui avait été remise à voitures (à chevaux), du temps de François Tissier.

Le village de Vacances, bungalows en bois, a été construit dans la partie basse du parc en 1989, sauf erreur. 



La nouvelle mairie
 : mise en chantier en 1999, la nouvelle mairie a été inaugurée en l’an 2000, le bâtiment qui abritait le musée a été rénové et attribué à l’Office du Tourisme,  l’autre petit bâtiment à l’entrée est devenu salle d’expositions temporaires. Quant au musée, faute d’un local approprié, il a disparu tout simplement.  A noter que le sous-sol de la mairie, domaine des anciennes cuisines, a été fort bien aménagé, pour recevoir des expositions et des manifestations culturelles, en particulier le salon annuel « Le Conquet, la mer en livres ». Tout naturellement ce lieu un peu mystérieux, où l’on accède (en baissant la tête) par une petite porte voûtée s’appelle Espace Tissier.

                                                                                                                   
Si vous voulez apporter des compléments à cet article, comme à tous les autres d'ailleurs, faites le moi savoir. JPC

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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 12:07

MUNICIPALITE FAUSTIN RIGOLLET  1881-1887

 

Né le 15 février  1814 à Saint-Aignan (Loir et Cher), fils d’un maître boulanger, il se marie au Conquet à 28 ans, le 24 janvier 1843, avec Anne Louise Lestic de Kerhor, fille d’un receveur retraité des « droits réunis ». La dame exerce la profession de marchande de tissus. Quant à lui il est « ex sergent-major » Sur l’acte de mariage on lit : avec l’autorisation du maréchal de camp commandant la subdivision et  signent l’acte plusieurs officiers du 60e.

 

Il habite avec sa femme et une servante Grand-Rue.

Adjoint-maire sous Frédéric Tissier, il est démissionné par le préfet en raison de son attitude hostile à l’administration (octobre à décembre 1877)

 

1880 construction de la « Louise », armateur Rigollet, premier bateau à vapeur (et à hélice), assurant le service des passagers, des marchandises et des dépêches entre Le Conquet et Ouessant-Molène.

 

Il est élu maire en 1881, Hervé Poullaouec est son adjoint.

 

-Constatation de la destruction de la pointe Sainte-Barbe par les carriers :

« 10 septembre 1882, le conseil fait observer qu’autrefois l’importance du Conquet était considérable, son commerce maritime très étendu, mais que depuis la destruction par les carriers du prolongement de la pointe Sainte-Barbe qui formait le bras gauche du port en le garantissant des tempêtes de sud-ouest, seuls vents redoutables dans ce port, les navires de commerce ont  cessé d’y atterrir, l’importance de la localité a disparu, la population a considérablement diminué, beaucoup de maisons sont inhabitées, en ruines, ou habitées par des indigents. »

-Février 1883 : afin d’empêcher les particuliers de déposer sur la place de l’église des ordures et immondices et afin que les enfants n’aillent plus casser les vitres de l’église, il sera fait du côté de l’ouest, aux frais de la fabrique,  un mur haut de 0,53 mètre, surmonté d’une grille.

 

En 1883, c’est Poullaouec adjoint qui fait fonction de maire.

 

Affaire de l’école des filles. Nous sommes à l’époque où Jules Ferry tente d’imposer l’enseignement laïque, gratuit, obligatoire et dispensé par des laïcs. En l’absence du maire, Poullaouec, adjoint, fait prendre au conseil municipal une décision  qui, sous prétexte qu’il existe déjà une école congrégationniste pour les filles dans la commune, refuse l’implantation d’une école publique.  Le préfet au nom de la loi qui impose une école publique  de filles dans les communes de plus de 500 habitants, intervient. Poullaouec veut démissionner, il ne peut le faire car c’est sa révocation que prononce le préfet qui installe d’office une école de filles dans un ancien local scolaire et nomme une institutrice.

Dans un courrier daté du 23 avril 83, on apprend qu’il y aurait précédemment eu une école publique de filles au Conquet, mais supprimée parce qu’elle n’avait pas assez d’élèves.

 

1884, François Crenn, membre du conseil municipal propose d’empêcher les eaux sales de séjourner dans la Grand-Rue où les cochons et les oies viennent journellement se vautrer, de combler le ruisseau à partir de la pompe et de le remplacer par un canal qui aboutirait au casse-cou. Robert Menguy n’adhère pas à la proposition en disant que le ruisseau dont il s’agit est si peu profond qu’il suffit de prendre des précautions pour le franchir sans accident. (Robert Menguy habite alors une des maisons en face de l’entrée de la cour de la mairie, rue Kerdacon [actuelle rue de Verdun])

 

En 1887,  il prend la présidence de la station de sauvetage.

 

Le mandat de Faustin Rigollet s’achève en 1887, Hippolyte Levasseur prendra la succession à la mairie.

 

Fautin Rigollet, pionnier du transport maritime par navire à vapeur :

« La Louise »

 

De nombreux petits vapeurs sillonnent depuis plusieurs années la rade de Brest, transportant marchandises et passagers de Brest vers Landerneau, Le Fret, Lanvéoc, Le Faou et Port-Launay (Châteaulin), mais aucun armateur ne s’était proposé pour relier le continent aux îles de Molène et Ouessant. Les voyageurs qui désiraient se rendre dans ces îles, ou les marchands qui souhaitaient y faire commerce devaient négocier un passage sur un voilier armé aux transports intérieurs, au bornage ou au cabotage.

En 1879, adjoint faisant fonction de maire après le décès de Frédéric Tissier, Faustin Rigollet décide de se lancer dans l’aventure avec un bateau-poste qui effectuerait un service régulier entre Le Conquet et les deux îles précitées. Il traite avec le chantier naval Le Franc de la Melleraye sur Seine pour la construction du navire. Le petit vapeur, en bois et à hélice,  lancé quelques mois plus tard a une longueur de 25 mètres, il jauge 23 tonneaux et une machine de 23cv le propulse à 6 nœuds.

Le bateau porte le prénom de madame Rigollet, « La Louise », il est baptisé par sa marraine, en présence de Paul Deschanel, futur président de la République et alors sous-préfet de Brest.

Une machine à vapeur nécessite pour fonctionner du charbon et de l’eau. Rigollet achète alors la « Maison des Seigneurs » alors vide, uniquement pour son quai, sa cave et son jardinet donnant sur le port. Dans la cave est stocké le charbon, un réservoir pour l’eau est construit dans le jardin, des poteaux en bois sont dressés contre les pierres du quai pour l’accostage de La Louise, une grue rudimentaire tripode est installée pour la manutention des paniers de charbon entre la cave et la soute du navire. (On aperçoit sur la photo la grue en question)

 

De juin 1880 à mars 1909, sans incident notoire, le petit vapeur assurera son service entre Brest, Le Conquet, Molène et Ouessant, aux mains de différents patrons et pour le compte de divers armateurs : Rigollet, Peugeot, Pennors et Simon, Vapeurs brestois. (Photo d'équipage, assis au centre :" le père" Miniou.)

 

A pleine mer La Louise accostait à la cale Saint-Christophe pour embarquer et débarquer passagers et marchandises diverses.  A basse mer, le transbordement des passagers se faisait sur rade (la digue Sainte-Barbe n’existait pas à l’époque), par le canot du bord qui accostait à l’escalier de l’ancien vivier de la Pierre-Glissante.

 



On lit dans le Courrier du Finistère du 6 mars 1909, "Les réclamations répétées des habitants de Molène et d'Ouessant sur l'insuffisance du bateau postal, semblent avoir enfin secoué la torpeur administrative. Jeudi une commission s'est réunie à bord de la Louise. Souhaitons que cette inspection aboutisse au remplacement de ce sabot pour un bateau approprié au dur service qu'il sera appelé à remplir.
Le 13 mars on apprend dans le même journal que la Louise a été échouée à Brest au 3e bassin du port de commerce, elle est remplacée provisoirement et peut-être définitivement par un solide bateau en bois, le Travailleur.
Le 27 mars, le préfet du Finistère vient de refuser à la Louise le permis de naviguer à l'avenir.

Désarmée donc en 1909, La Louise a fini sa vie comme ponton-vivier à crustacé pour un mareyeur au Fret en rade de Brest.

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 15:03
Municipalité

PODEUR FRANCOIS MARIE

1859-1870

 

Fils de Jean François Podeur et de Marie Jeanne Durand, il est né au Conquet le 29 avril 1809.  A 24 ans il épouse le 2 octobre 1830,  Marie Françoise Mazé, fille de Robert Marie Mazé, marchand au Conquet, elle a 30 ans.
Cultivateur, il est aussi conseiller municipal, puis adjoint-maire en 1853, où on le qualifie de "propriétaire".

Il habite rue Kerdacon, cultivateur et propriétaire au recensement de 1856, sa femme est commerçante, Le couple a deux fils et une servante.

Adjoint faisant fonction de maire sur la fin du mandat de Le Guerrannic, il est installé maire le 20 septembre 1859 avec Dominique Masson comme adjoint.

A noter :
-Achat du presbytère de la rue Kerdacon.

-Conflits avec Tissier pour des clôtures abusives de chemins ruraux

-Legs de mademoiselle Launay : elle offre un établissement de charité à la commune du Conquet et un don pour la congrégation des Filles du Saint-Esprit. Plus, une  rente annuelle de 800 francs et une maison et dépendances rue Kerdacon

 

-Projet d’aménagement du haut de la rue Saint-Roc’h (Casse-cou)

-Mauvais état des routes et rues

-Difficile implantation de la station de sauvetage 1866-67.

 

 

 

 

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 14:59

LOUIS PHILIPPE – 2e  REPUBLIQUE -

NAPOLEON III

 

Municipalité

LE GUERRANNIC JEAN MARIE (fils)

1843-1859

 

Jean Marie Le Guerrannic (fils), devient maire par arrêté prefectoral du 2 décembre 1843. Né au Conquet en 1802, il épouse en 1826 Jeannie Provost, fille de bourgeois, qui lui donne plusieurs enfants : Amelina, Prosper, Alphonsine, Ernest. Comme son père il est marchand de vins en gros, négociant et armateur, possédant plusieurs bateaux armés au cabotage. Le Guerrannic (fils), conserve la mairie jusqu’en 1859 ce qui le contraint à prêter serment à trois régimes différents, au roi Louis Philippe d’abord, puis le 6 mars 1848 à la République : «  Citoyens, la monarchie vient de succomber et le gouvernement républicain lui a succédé, saluons avec orgueil l’étendard de la liberté, vive la République, vive l’ordre et la liberté ! » et enfin au prince-président Louis Napoléon Bonaparte qui deviendra par le plébiscite de novembre 1852 l’empereur Napoléon III. Sans être semble-t-il le moins du monde troublé, notre homme s’affirme donc tour à tour royaliste convaincu, républicain sincère et bonapartiste enthousiaste. Le 9 octobre 1852 il exhortait ainsi le futur empereur : « Monseigneur, nous sommes heureux de joindre nos voix aux acclamations unanimes de la France et d’adresser à votre Altesse Impériale le juste tribut de notre reconnaissance pour les bienfaits que vous doit le pays dans lequel vous avez ramené la paix et la tranquillité… Consolidez votre œuvre providentielle en acceptant l’Empire auquel vous convie la volonté nationale ; nos cœurs forment le même vœu ».

Notes :

-1848, 6 juillet, service (messe) en mémoire des citoyens morts à Paris pour la défense des libertés.

Il serait à désirer, citoyen sous-commissaire que la garde nationale soit pourvue d’au moins 50 fusils.

-29 juillet 48 : demande au citoyen commandant la garde nationale,  qu’elle soit en place pour maintenir l’ordre pendant les opérations électorales place aux Lards, le 30 juillet à 9 heures du matin.

-19 novembre 1848, promulgation de la Constitution, Te Deum

 

A noter pendant ses seize ans de mandats successifs :

-l’installation en janvier 1845 des trois premiers réverbères de la commune (des Luchaires commandés à Paris pour une facture de 1 273,50 francs.

La colonne du dernier lampadaire était toujours en place il y a quelques années, elle servait aux pêcheurs à étirer les cordages servant aux filières de casiers. Elle serait à l'abri dans un local communal.

-édification d’une borne-fontaine avec pompe sur le puits insalubre de la place du Marché en 1848 (plan de Jean Corvez, entrepreneur du phare de Kermorvan). « La pompe » que l’on peut voir sur de nombreuses cartes postales anciennes a été démontée sur ordre des Allemands en 1940, elle gênait le passage des véhicules militaires. Récupérée par la municipalité, elle attend d’être remontée en un lieu encore à définir (2008).

-Implantation de l’église neuve en ville après une longue crise municipale 1850-1855.  Pour les élus « de la ville », l’église devait être au centre de la population agglomérée, pour les élus « de la campagne », l’église devait être restaurée ou rebâtie là où elle avait toujours été, c’est-à-dire au bourg de Lochrist. Finalement à une courte majorité, le vote a été favorable à une implantation en ville, François Tissier a acheté à Le Guerrannic un terrain, qu’il a offert gracieusement à la municipalité,  la première pierre de l’église à pu être posée le 26 janvier 1856. C’est en grande pompe que la consécration en a été faite par l’évêque de Quimper et de Léon le 20 avril 1858, jour de la translation dans le nouvel édifice des restes de Dom Michel Le Nobletz.

-Démolition de la chapelle Saint-Christophe

-Travaux de la route départementale n°4 reliant Le Conquet à Brest  par Recouvrance, on les rapporte arrêtés au deuxième semestre 1848.

-C’est aussi à cette époque 1846-49 qu’a été édifié le phare de Kermorvan alors sur la commune de Ploumoguer et que plusieurs forts et redoutes ont été construits aux Blancs-Sablons, à l’Ilet, à Kermorvan et à Saint-Mathieu,  augmentant la population du Conquet de nombreux ouvriers attachés à la construction de ces ouvrages. Fin 1852, les travaux militaires sont terminés, la commune s’est vidée de sa population temporaire.

 

Population en 1851 : 1 370 habitants dont 22 militaires et marins et 43 mendiants. Le nombre des gens de mer au Conquet est alors très faible, c’est pourquoi les « Paimpolais » qui explorent discrètement à partir de 1849 les fonds de pêche aux crustacés autour du Conquet n’auront, quelques années plus tard, aucun mal à s’implanter dans un port sans pêcheurs.

 

Juin et juillet 1859, deux Te Deum pour les victoires de Magenta et Solferino

Sire, pénétrés d’un profond sentiment d’admiration pour les pages glorieuses que l’Armée Française sous l’habile commandement de Votre Majesté vient d’ajouter à sa courte mais décisive campagne d’Italie. Pénétrés aussi d’une vive reconnaissance pour cette paix si opportune que Votre Majesté a offerte avec une loyauté chevaleresque qui n’appartient qu’à un grand monarque, le Conseil Municipal de la commune du Conquet, monsieur le Juge de Paix du canton de Saint-Renan et monsieur l’instituteur du Conquet prennent la liberté de déposer aux pieds de votre auguste personne l’hommage de leur inaltérable dévouement à Sa Majesté Napoléon III et à sa dynastie bien-aimée.

                                             Vive l’Empereur

 

Signature de Podeur, maire par intérim, Le Vessel juge de paix et Balay instituteur.

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 14:57
LOUIS PHILIPPE

 

Municipalité LOMBARD CHARLES

1837-1843

 

 

La France est sous le règne de Louis-Philippe depuis 1830.

Né à Dampierre (Haute-Saône) en 1773, Charles Lombard se fixe au Conquet après son mariage avec une Brestoise, Rose Marie Pélagie Le Hir. Ils ont un fils Marc Marie François Charles Lombard, né à Recouvrance le 23 frimaire an XII, qui en 1823 est élève en pharmacie à Brest.  En 1819, le couple fait l’acquisition d’une maison sur le port. Capitaine d’infanterie en retraite, chevalier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre Royal de Saint-Louis, il est désigné comme maire en 1837. La mairie se trouve alors rue Saint-Christophe, actuel n°5. La population du Conquet s’élève à 1 273 habitants.

Lombard est aux premières loges, puisqu’il habite sur le quai quand les cales du Drellac’h en construction depuis 1836 et pas encore terminées, sont détruites par une violente houle conjuguée à la grande marée dans la nuit du 24 au 25 février 1838. Il ne reste plus qu’à les reconstruire. L’Etat en profite pour acheter afin de les raser deux des trois magasins, celui de Mazé-Launay (1839) et celui de  Bourhis (1840) qui bordaient encore la partie est du Drellac’h dans le prolongement de la cale amont, et les deux maisons Le Coat (1845) au-dessus de la cale aval.

Désormais les petits navires de commerce peuvent plus facilement manutentionner leurs marchandises en accostant le long des cales.

La municipalité qui manque toujours autant de ressources pour venir en aide aux nombreux malheureux du Conquet pense alors à ouvrir de nouvelles carrières de pierres plates (schistes), dans les terrains incultes de Pors Feunteun (Le Bilou) et de Portez qui lui appartiennent. Double but : faire entrer de l’argent pour subvenir aux besoins des pauvres en vendant les pierres aux communes environnantes et fournir du travail aux carriers qui seront payés pour les pierres de 25 cm à 1,25 m, un centime par pièce ou un franc par cent et pour celles de 1,25 m et au-dessus, deux centimes par pièce. On accusera plus tard les carriers d’avoir complètement détruit le relief rocheux naturel prolongeant en mer la pointe Sainte-Barbe  et offrant au Conquet un rempart contre la houle de sud-ouest.

La fin du mandat de Charles Lombard se traduit par un flottement dans la gestion communale, le marie septuagénaire est souvent malade, c’est son adjoint Louis Marie Jacolot, notaire, qui gère les affaires courantes.

Retiré des soucis municipaux, Charles Lombard se signale quelques années plus tard, début septembre 1848, en devenant le premier président de la Société Littéraire du Conquet, fondée par quelques notables locaux (Lombard, Tissier père, le Roy (notaire), Blanchard (médecin), Marchand Patrice Michel, buraliste et ancien lieutenant de vaisseau, chevalier de la Légion d’Honneur), Rigollet (négociant), Penfrat (propriétaire), et Gloaguen recteur, et qui a pour unique but la lecture, toute discussion politique y étant interdite (cela peut se comprendre, nous sommes dans les débuts difficiles de la Seconde République.

Charles Lombard décède fin 1851 en son domicile du Drellac’h, actuel N°23, une maison à escalier extérieur.

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 14:54
CHARLES X

 

 

Municipalité

LE HIR-QUEREON FRANCOIS GUILLAUME

1824-1828

 

Riche bourgeois, négociant et propriétaire, il est né à Blaye en Gironde en 1793,  où son père armateur et négociant conquétois avait des biens obtenus par mariage en 1784 avec une riche héritière de négociant en vins du lieu, Jeanne Thérèse Barriou. Jean René Le Hir-Quéréon est revenu habiter Le Conquet en l’an II avec sa femme, sans doute juste après la naissance de leur fils François. Les Le Hir-Barriou possèdent bateaux, maisons et terres et en particulier le manoir du Prédic en Plougonvelin.

François Le Hir-Quéréon, est nommé maire en janvier 1824 à seulement 31 ans. Il  est démissionnaire en 1828, il disparaît de la vie communale, sans que l’on ait à noter quelque chose d’important pendant son court mandat, sauf que, fait rarissime pour l’époque, le maire était célibataire.

En 1858, il figure au troisième rang derrière François Tissier et Emile Le Vessel des plus imposés de la commune.

Décédé à 77 ans,  en 1869 (vérifier) toujours célibataire, en son domicile du quai du Drellac’h, dans la maison qui deviendra l’hôtel et restaurant du port, jouxtant « la maison à créneau » et un grand magasin dans l’angle en face de la maison des Seigneurs.

 

CHARLES X – LOUIS PHILIPPE

 

 

Municipalité

Le Guerrannic Jean-Marie

2e retour

 

 Après à peine quatre ans d'interruption, il est  nommé  en 1828 par le préfet pour remplacer Le Hir-Quéréon démissionnaire. C’est l’époque où François Tissier vient s’installer au Conquet et devient directeur de l’usine Guilhelm de Poulconq qui extrait des sels de soude des cendres de varec’h, ces produits chimiques sont exportés vers la Normandie où il sont employés dans la fabrication du verre. Tissier amène avec lui le procédé de la fabrication industrielle de l’iode sur lequel il va bâtir sa fortune et faire de l’usine du Conquet la plus importante de France. Cette activité industrielle va réveiller Le Conquet dont la situation est déplorable si l’on en croit ce qu’écrit J.F Brousmische en 1829 : « On est frappé de tristesse en entrant au Conquet, cette ville ne sera bientôt plus qu’une misérable bourgade dont une moitié des maisons sera bientôt en ruines … Sur trois maisons c’est à peine si on en trouve une qui soit habitable ; la ronce et le lierre couvrent les débris des autres. Le Conquet est la ville la plus mal pavée du Finistère ».

La révolution de 1830 n'a aucune incidence sur la vie au Conquet, le maire se contente de prêter serment à Louis Philippe et reste en place au renouvellement de 1832.

Une remarque du sous-préfet sur une lettre du 11 juin 1831 : « le journal Le Finistère, annonce que dimanche dernier, jour de la procession, on remarquait sur la bannière de votre église une énorme « fleur de lys ». Sans attacher à cette remarque plus d’importance qu’elle n’en mérite, vous devez d’après les instructions qui ont été données par le gouvernement, il y a déjà quelques mois, faire disparaître ces signes qui n’ont rien à voir avec les cérémonies religieuses. »

 

A la fin de 1837, il quitte cette fois définitivement la vie publique. Non sans avoir pris en février de cette année-là un arrêté de salubrité publique : tous les décombres et immondices répandus habituellement dans les rues, les venelles et les routes, seront déposés désormais dans la grève de Portez ou sur le terrain vague avoisinant.

Les activités personnelles de Le Guerrannic pendant cette époque sont liées au commerce maritime puisque l’armement Le Guerrannic et consorts possède au Conquet les sloups Marie-Claudine, Jules, Providence, Saint-Joseph, Saint-Jean, Père de Famille et Eugène, le brick Amélie, et la bisquine Amélina,  qui font des transports - locaux entre Brest, Le Conquet et les îles, - nationaux en Manche, Atlantique et même Méditerranée avec des marchandises diverses, - et internationaux avec surtout le trafic du charbon du Pays de Galles vers la Bretagne. Le plus « gros » de ces navires fut l’Amélina, du prénom d’une de ses petites filles, un bateau à un pont et deux mâts gréé en lougre, longueur hors-tout 18 mètres. Quand Jean Marie Le Guerrannic se retire, les travaux des cales du Drellac’h sont en cours.

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 14:45

LABBE DE BLANCHARD

 

    Bénigne Félicité                                                                                              Marie Joséphine

 Labbé de Blanchard  (le chevalier)                                                                         Bordelot         

  |______________________________________________________________________|         /                                /                                            /                                       /

 

   Joseph                    Marie-Françoise           Bienaimé Yves Marie          Marie Josseline

né en 1775                    née en 1778                      né en 1783                      née en 1789

 

 

 

L’affaire du tabac :

 

Le dimanche 2 août 1818, tapis dans la dune, deux hommes aux allures de conspirateurs surveillent les manœuvre d’un sloup qui entre à Pors-Paol. Une heure plus tard le voilier est rejoint par un autre bateau. Nos deux guetteurs s’éclipsent, ils en savent assez. Faisons leur connaissance : l’un se nomme Vital Dupuis, il est propriétaire terrien, l’autre est André Allard, le garde-champêtre. Ils ont eu vent d’un trafic de marchandises prohibées, mais n’ont pas été invités à se joindre aux fraudeurs. Pour se venger, ils vont dénoncer les participants.

La nuit tombée, nos deux hommes sortent de chez Yves Le Noret, cabaretier, et descendent vers le port pour épier la suite des opérations. Par malchance pour eux, ils tombent sur un groupe d’une quinzaine d’hommes qui remontent de la grève des caisses et des ballots vers le magasin de Charles Balanger. Dupuis réussit à s’enfuir, mais Allard démasqué reçoit une sérieuse correction et on lui prend même son fusil. A la première heure le lendemain matin nos deux compères vont expliquer l’affaire au maire et au juge de paix, puis portent plainte. Les autorités acceptent de considérer les coups et blessures, mais ne veulent pas entendre parler de soupçons de fraude, toute l’île s’adonne à la contrebande, il n’est pas nécessaire d’attirer l’attention du continent sur ce sujet.

Dépités ils sortent et c’est l’occasion pour Allard d’être à nouveau rossé, cette fois par le fils Balanger qui l’attendait. C’en est trop pour le garde-champêtre qui se fait conduire en bateau au Conquet puis gagne Brest, et revient dans l’île accompagné du receveur des contributions indirectes et de son adjoint.

Conscients du danger, les contrebandiers avaient rapporté à bord du sloup la plus grande partie des marchandises, mais coincé par la morte-eau le bateau ne flottait plus. Les deux inspecteurs découvrent sur le sloup 66 balles de tabac, dépourvues des marques des manufactures de France, puis conduits par Dupuis, ils font saisie de 4 livres de tabac dans le grand clos de Balanger, de 2 livres de tabac en poudre dans le jardin du Gouverneur et enfin de 5 kilos de tabac cachés dans un tas de gazon chez Le Noret.

 

L’enquête va fournir abondance de détails sur l’affaire :

D’abord le sloup : il s’appelle Les Cinq Sœurs et appartient à Bienaimé Labbé du Conquet. C’est un de ces bateaux que l’on appelle « cendrier » car son principal trafic est de transporter depuis l’archipel de Molène les cendres de goémon, engrais réputé, vers les port de la rade de Brest et en particulier Landerneau. Le patron habituel en est Fiacre Cariou, mais pour la circonstance Labbé l’a remplacé par Jean Louis Berthelé, pilote d’Ouessant, compétent pour assurer une navigation au large. L’équipage est à la solde de Balanger d’Ouessant. Un personnage mystérieux  est aussi du voyage, il disparaîtra au retour à Ouessant. Il s’agit  du sieur Dubois de Douarnenez. Le bateau quitte Molène le 12 juillet 1818,  et arrive sans encombres à Guernesey. Là, Dubois négocie avec un nommé Henri de Garis, un chargement de tabac, 5 tonnes de charbon et diverses marchandises. Les Cinq Sœurs appareille bientôt, destination officielle Gibraltar, mais en réalité nous venons de le voir, Ouessant.

 

Tous les complices identifiés se retrouvent convoqués devant le tribunal correctionnel à Brest le 19 septembre à savoir :

Berthelé Jean Louis, pilote lamaneur

Malgorn Jacques, matelot

Balanger Baptiste Théodore, novice

Calvarin Charles, cultivateur

Cozan Thomas, marin

Cassol François, marin

Balanger Charles, négociant

Labbé de Blanchard Bienaimé, négociant

Le Noret Yves, débitant de boissons

Stéphan Paul, marchand

Ils sont prévenus de colportage de tabac étranger et de voies de fait sur un garde-champêtre. Le fils Balanger est signalé absent à l’audience (embarqué sur le brick l’Euryale), Berthelé, Malgorn, Balanger père, Labbé et Le Noret y sont représentés par un un avoué, monsieur de la Porte.

Témoins :

des soldats de la garnison,

André Allard, commissionnaire faisant fonction de garde-champêtre, 37 ans

Vital Dupuis, propriétaire à Ouessant, 37 ans

Noël Cariou, capitaine habituel du navire Les Cinq sœurs,  41 ans, demeurant à Molène

Jean Marie Cariou, marin, 16 ans, demeurant à Molène

 

 

Les prévenus affirment que l’île d’Ouessant étant affranchie du régime des Douanes par l’article 2 de la loi du 10 juillet 1791, l’est par suite de celui des contributions indirectes en ce qui concerne les tabacs. Le tribunal correctionnel renvoie l’affaire devant le tribunal de première instance.

 

En ce qui concerne les voies de faits, Balanger fils, Calvarin, Cozan, Cassol et Stéphan sont condamnés à dix mois de prison chacun, d’une amende solidaire de cent francs et du paiement des frais de procès 178 francs, puis Paul Stéphan est relaxé.

 

Au cours du procès sur la contrebande, Dupuis explique qu’avec Allard, ils étaient depuis longtemps convaincus que le sieur Balanger se livrait avec sécurité aux spéculations d’un trafic frauduleux qu’il faisait avec succès. Il était l’âme d’une société de contrebandiers organisée par ses soins à Brest, au Conquet, à Ouessant et ailleurs. Et il ajoute, j’ai appris que dans le courant de juillet, Labbé négociant au Conquet avait équipé un navire pour une expédition secrète que je soupçonnais être les îles anglaises de la Manche. Quelques temps plus tard, poursuit Dupuis, les intéressés inquiets du sort de leur navire qui a été signalé aux Douanes, s’entendent avec Marc Chaouen ancien patron du bateau de la ligne sémaphorique, pour aller à sa rencontre et lui donner des instructions. Sachant que le retour des bateaux doit se faire sur Ouessant, et que les magasins de Balanger sont prêts à recevoir les marchandises, Dupuis précise avoir écrit au commandant militaire de l’île pour l’en aviser. Celui-ci un nommé Dorée qui se trouvait alors au Conquet, a fait prévenir le garde-champêtre de mener l’enquête et Dupuis s’est offert en volontaire pour l’accompagner, c’est ainsi que les deux hommes se sont retrouvés pour surveiller la baie de Lampaul.

 

Nouvelle relation des faits :

 

Dupuis a rencontré Allard sur la dune le dimanche 2 août à une heure de l’après-midi : « Vois-tu ici ce sloup, et vois-tu là cet autre grand bateau, celui de Chaouen ? »

Les deux navires mouillent à Pors-Paol et trois étrangers conduits par François Cassol, Thomas Cozan et Michel Colin descendus du sloup se rendent chez Balanger. Dupuis et Allard vont alors chez le maire qui ne trouve pas nécessaire de visiter les papiers du sloup, ils passent alors chez Paul Stéphan, gendre de Balanger où ils ont confirmation qu’un sloup chargé de tabac a mouillé en rade et que la marchandise doit être transférée chez Balanger à 11 heures du soir. Nos « enquêteurs » en partant se poster à nouveau dans la grève, passent chez Yves Le Noret, cabaretier intéressé dans la cargaison du sloup. Cinq ou six insulaires, hommes de main de Balanger sont là à consommer. Dupuis et Allard en sortant de l’estaminet tombent sur un convoi de quinze à vingt hommes portant chacun une caisse de tabac ou une caisse de sucre. Le garde-champêtre est saisi à la gorge par Calvarin et désarmé de son fusil. Théodore Balanger le jeune fils de Balanger père, lui porte un coup de crosse au visage. Dupuis dit qu’il a été aussi maltraité et s’est enfui. Dans la nuit, Allard et Dupuis sont allés porter plainte devant le maire et le juge de paix, le maire veut bien accepter la plainte mais à condition qu’on ne parle ni de sloup ni de tabac, quant au juge de paix, il est le père de Paul Stéphan impliqué dans l’affaire. En sortant Allard et Dupuis rencontrent le jeune Balanger qui rosse une nouvelle fois le garde-champêtre.

Le 3 à 6 heures du matin,  Charles Calvarin, Thomas Cozan, François Cassol, Yves Le Noret, Paul Stéphan, Balanger père et fils, interpellés par le maire et le juge de paix, soutiennent qu’ils n’ont pas connaissance de tabac embarqué sur un sloup et qu’ils n’ont pas rencontré le garde-champêtre et Dupuis.

 

Allard part en bateau au Conquet et de là à Brest d’où il revient le 6. Le 7 août, deux employés de l’administration des contributions indirectes venus de Brest fouillent l’île et ne trouvent rien chez Balanger. Le lendemain montent à bord du sloup de Labbé et y saisissent 66 balles de tabac exotique, pour un poids d’environ 1 800 kilos, dépourvues des marques des manufactures royales de France. L’île d’Ouessant n’étant pas soumise au régime général des Douanes, les préposés de la régie prennent seulement note des autres marchandises trouvées à bord du sloup, à savoir mousseline, velours, sucre etc…

Selon Dupuis, Charles Balanger avait fait reporter de nuit le tabac à bord du sloup,  Conquet, si la mer avait monté d’un pied plus haut, le sloup aurait flotté et avec Balanger fils aîné arrivé du Conquet, Cozan et Cassol, auraient quitté Ouessant.

On assiste ensuite à la découverte de 4 livres de tabac dans le grand clos à Balanger, de 2 livres de tabac en poudre dans le jardin du Gouverneur, de 5 kilos (trouvés par Dupuis) dans un tas de gazon sec chez Le Noret.

Dupuis toujours dans sa déclaration au tribunal, fait allusion à une affaire de sel. Il accuse Balanger d’être le voleur de 3 milliers de sel . Allard et un nommé Vivenol, pas clairs dans cette affaire, craignant d’y être impliqués, refusent de témoigner contre Balanger.

 

Par jugement du 7 mai 1819,  le tribunal  civil de première instance de Brest condamne Labbé et Balanger chacun à 500 francs d’amende, à la confiscation du tabac et du sloup, et ensemble aux frais de procédure soit 608 francs. Leurs complices au nombre de 8 ont été condamnés à une amende personnelle de 300 francs. Jugement confirmé par le tribunal de Quimper.

Balanger a été nommé syndic des gens de mer à Ouessant,  malgré la mauvaise opinion du Préfet.

 

Pièce jointe :

2e division, 2e bureau.

Note pour le Ministre

Le sieur Dupuis, propriétaire à l’île d’Ouessant adressa à son Excellence en août dernier un mémoire justificatif de la conduite qu’il avait tenue avec le garde-champêtre Allard à l’occasion d’un débarquement de tabac et autres marchandises prohibées effectuées sur cette île en août 1818 par le sieur Balanger et consorts. Cette pièce contenant quelques accusations très graves contre le maire, il paraît constant d’après le rapport du préfet du Finistère, que tous les habitants d’Ouessant se livrent à la fraude, que le sieur Balanger, ancien maire, que Malgorn nouveau maire, Allard et  Dupuis eux-mêmes se sont rendus coupables de ce commerce illicite. Il y avait autrefois inimitié entre Balanger et Malgorn, estompée depuis que Balanger est devenu syndic des marins. Les habitants d’Ouessant semblent être tous des fraudeurs qui se dénoncent quand ils ne participent pas aux actions ou qu’on n’achète pas leur silence, (copie de mémoire venant de la préfecture du Finistère).

 

 

Autre pièce

Henri de Garis, négociant à Guernesey a sous loué par charte-partie à monsieur Pierre Bois jeune, négociant à Douarnenez le 18 juillet 1818, le sloup Les Cinq Sœurs du Conquet alors à Guernesey, capitaine Berthelé et trois hommes d’équipage, pour aller à Gibraltar.

Que l’exposant a chargé à l’ordre du porteur du connaissement (détail du tabac)

Que conformément à la même charte-partie, le sieur Bois avait chargé pour son propre compte à bord du navire à Guernesey cinq tonnes de charbon et quelques ballots de marchandises à destination d’Ouessant

Le sieur de Garis porte plainte contre le directeur général de l’administration des contributions indirectes de France

-pour saisie irrégulière du navire

-de son tabac

-des pertes de temps

 

Autres pièces,  7U3 21 AN

Cariou dit le 2 avril 1819 que Labbé l’a prié de faire le voyage en disant que c’était pour faire de la fraude.  Il a refusé de faire le voyage, disant qu’il ne voulait par continuation ne faire que des voyages de cendres vers la rivière de Landerneau. Labbé se rend à Ouessant le 12 juillet et revient à Molène où est mouillé le bateau, avec Jean Louis Berthelé, pilote lamaneur et un équipage. Dans la même nuit du 12 au 13 vers 3 heures du matin, Cariou est débarqué, illégalement,  sans lui donner le temps de prendre ses effets. Sans nouveau rôle d’équipage, le bateau met à la voile  avec à bord un sieur Bois comme passager.

Cariou fait cette déclaration au maire de Molène le 13 juillet et au bureau des classes au Conquet le 18 juillet.

 

Balanger qui a 44 ans est originaire du département du Cher

Labbé de Blanchard bienaimé, 35 ans, négociant patenté de 1ère classe au Conquet, y demeurant, le bateau Les Cinq Sœurs lui appartient.

 

L’objection de franchise tombe, car si Ouessant reste exempte des droits de Douanes, elle reste soumise à la règle générale en matière de prohibition. Or les tabacs étrangers étant prohibés à l’entrée du royaume, ils le sont aussi à Ouessant

 

Complément concernant la journée du 6 août :

 

Le receveur à cheval des contributions indirectes, arrivant de Brest au Conquet, va chez le commandant d’Ouessant le 6 août au soir, puis chez le le contrôleur de la brigade des Douanes qui lui arrange la patache des douanes pour le lendemain. Mais le commissaire des classes expédiant sa péniche à Ouessant,  le receveur y embarque à midi et arrive dans l’île à 6 heures du soir. Le sloup Les Cinq Sœurs se trouvaient dans le port de Lampaul, amarré en dedans de la jetée en pierre.

A Ouessant avant l’arrivée du receveur, une partie du tabac débarqué pouvait déjà être achetée auprés de Paul Stéphan, interrogatoire des soldats qui en ont acheté.

Tentatives de corruption par Balanger des soldats qui montent la garde devant son magasin.

A propos du bateau parti à la rencontre du sloup, il appartient à divers propriétaires de l’île, il est presque aussi grand que le sloup, il est commandé par Marc Chaouen qui a été pendant cinq ou six jours en croisière dans la Manche pour prévenir le sloup qu’il pourrait être arrêté par la Douane .

Marc Chaouen chez Paul Stéphan : j’ai donc trouvé le bateau, le voici arrivé.

Berthelé déclare : arrivés à Ouessant, Bois m’a payé pour le voyage et, je suis rentré chez moi. A Guernesey on lui avait demandé de conduire le bateau à Ouessant mais qu’il ne savait rien des papiers enfermés dans une boîte en fer blanc.

Balanger dit qu’il n’a rien à voir avec Bois, celui-ci lui a demandé son magasin pour quelques jours. Il connaît Labbé pour avoir participé à des ventes dans l’île comme associé avec lui.

 

Le sloup Les Cinq Sœurs ayant son nom derrière, plat-bord blanc, hiloire jaune, Labbé dit : je n’ai jamais proposé le voyage à Cariou que ne sait ni lire ni écrire et qui était « yvre » au débarquement à Molène.

« Les cinq sœurs », sont les  filles de Bienaimé Labbé et de Perrine Guillemette Barbé 

Marie Françoise Olimpe, (1807-1820)

Clarisse Marie, 1808

Jeanne Joséphine Atalie, 1810

Marie Aimé Josseline, 1812

Hortense Victorine, 1815-1821

 

Le samedi 8 août,  Jean Louis Berthelé, Jacques Malgorn et Balanger fils sont en prison pour navigation sans rôle d’équipage, sur ordre de La Fosse commissaire des classes au Conquet, par Pennec syndic à Ouessant

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 14:39
NAPOLEON 1er – LOUIS XVIII – CHARLES X

 

Municipalité

LE GUERRANNIC Jean-Marie

1e retour

 

 

 

-Premier retour... Requis donc par l'autorité préfectorale, il revient à contre coeur à la mairie :"Messieurs, explique-t-il à ses conseillers,  n'ayant pas été en naissant comblé par la fortune, j'avais cru qu'après avoir rempli pendant six ans les fonctions gratuites et onéreuses de maire, surtout dans un temps assez critique et difficile.... j'avais rempli ma tâche comme habitant et citoyen.. j'eus bien voulu m'éviter ces fonctions qui ne sauraient que nuire à mes intérêts personnels.. mais comme nous sommes dans un temps où il faut faire des sacrifices. J’accepte provisoirement les fonctions de maire et je promets fidélité à Sa Majesté Napoléon 1er."

En cette année 1809, les maires des communes concernées se sont réunis pour discuter du tracé de la nouvelle route qui doit conduire de Recouvrance au Conquet. Les notables s’entendent sur le parcours Recouvrance, village de la Trinité, bourg de Plouzané, pour aboutir à la grand-route Saint-Renan - Le Conquet à l’endroit appelé Kerzeveon. Il n’est pas question alors de faire passer la voie le long de la berge sud de l’étang de Kerjan qui est un marécage impraticable.

Le Guerrannic n'est ni un "politique", ni un homme de parti ou de régime. Nommé par l'autorité préfectorale, il semble indifférent aux bouleversements que connait la France. En effet, le 5 décembre 1813, s'il écrit dans le cahier des délibérations: "En ce jour anniversaire à jamais mémorable du couronnement de Sa Majesté Empereur et Roi, nous J.M Le Guerrannic, maire de la commune du Conquet, avons fait chanter un Te Deum en mémoire et action de grâces de l'heureux avènement de Napoléon à l'Empire français..", cela ne l'empêche pas quelques mois plus tard, après la chute de Napoléon, d'assurer Louis XVIII  de... "la vive joie dont sont pénétrés les habitants du Conquet de l'évènement heureux qui leur a rendu leur souverain légitime et les a délivrés de la tyrannie odieuse sous le joug de laquelle ils gémissaient depuis trop longtemps." Cette année-là on repave la Grand-Rue du Conquet depuis le monticule en-dessous du corps de garde (actuelle place de Brest) jusqu’à la rue Moan qui conduit au quai. On restaure un peu la rue Bernard avec des cailloux et des pierres de grève, quant aux autres, la rue Etroite, la rue Kerdacon, la rue Saint-Christophe et la rue Neuve, elles sont dans un tel mauvais état que le budget de la commune ne peut rien y faire. Jean François Le Quellec est retenu par la municipalité pour amener les pierres de Béniguet et Molène et pour effectuer les travaux ; les indigents valides, hommes et femmes seront employés au chantier par économie et il leur sera accordé «  une légère et proportionnelle rétribution ».

Les renouvellements quinquennaux de 1816 et 1821  confortent Le Guerrannic dans son poste. Après la mort de Louis XVIII, il fait crier à la foule "Vive Charles X le Bien-Aimé, Vive les Bourbons!", un an plus tard il se retire des affaires publiques (1824).

La misère est alors très présente au Conquet,  le 31 mars 1817, on y recense 160 pauvres, dont 74 qui ne sont pas originaires de la commune. Le conseil municipal est d’avis que les pauvres qui ne sont pas nés au Conquet, soient renvoyés dans leurs communes respectives par les soins de la gendarmerie.  On sait par ailleurs que seule une partie des plus démunis, possède une autorisation de mendier sur la voie publique, délivrée par la mairie.

Premier mai 1821, à l’occasion des fêtes célébrées pour la naissance du duc de Bordeaux, la municipalité fait distribuer cent francs de pain aux pauvres.

Par contre les paysans éleveurs de chevaux se débrouillent bien, leurs bêtes remportent des prix dans les  concours, ainsi aux foires de La Martyre en août 1821 où les sieurs Lannuzel Jean Marie, Floc’h Yves, Le Bras Goulven et Le Ven Ambroise gagnent plusieurs médailles.

-1821 : en pleine époque de disette, le 18 décembre, un navire inconnu chargé d’oranges s’éventre sur la pointe de Penzer. Les caisses viennent rapidement à la côte, mais la population avide de ces beaux fruits ne pourra pas s ‘offrir un luxe inattendu, la fièvre jaune sévit en Espagne, tout ce qui est susceptible d’en provenir est frappé d’interdit. Douanes, Inscription Maritime, municipalité, dressent un cordon sanitaire le long des grèves et font immédiatement brûler toute épave venant à la côte.

-Ouverture des ateliers de charité, on paye 10 centimes par jour les ouvriers embauchés pour l’entretien des chemins vicinaux.  Des carrières de pierres plates sont mises en exploitation à Portez et au Bizlou, mais elles coûtent bientôt plus qu’elles ne rapportent.

-Pour l’anecdote : une prime de 15 francs est allouée à Cariou René de Plougonvelin , à Mazé, Gillet et Floc’h Michel du Conquet pour la destruction d’une louve le 14 juin 1822.

 

1818 / Affaire de la contrebande de tabac à Ouessant. Inculpation de Bienaimé Labbé ancien préposé de l’Inscription Maritime du Conquet.
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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 14:20
                EMPIRE (NAPOLEON 1er)

 

Municipalité  PITOT François Marie

1808-1809

 

François Marie Pitot, né à Morlaix le 24 janvier 1767, capitaine de vaisseau, s’installe au Conquet en l’an IX comme commerçant, et y épouse  Angélique Marie Jeanne Renée Provost-Pennanrü (fille de François Marie Provost-Pennanru et de Elizabeth Helcun et donc petite fille de Michel Helcun, capitaine de commerce.

Pitot, enseigne de vaisseau commandait le lougre de l’Etat le Hook, quand il a pris sur les Anglais la Françoise-Marie de Torbay le 30 janvier 1793 et l’a amenée à Brest.

Vendémiaire an XI, parmi les navires préhendés pour l’Etat et amenés à Camaret en frimaire an XII on note une Marie-Françoise au citoyen Pitot, valeur 5 000 F.

Le 7 avril 1808 le voilà désigné comme maire par la préfecture.

10 septembre 1808, pour le  casernement d’une brigade de gendarmerie à pied, réquisition de la petite maison sise sur la place d’Armes au Conquet, au bout oriental de celle de Robert Menguy. Elle doit appartenir aussi à ce dernier,  car il doit la vider des objets qui s’y trouvent, la balayer pour le 12 de ce mois et en faire réparer les vitres.  La place d’Armes est sur le cadastre de 1841 entourée des parcelles 250, 262,  ( « hrs » Robert Menguy, sans doute « héritiers »), 263, 264, 282 et fait face au sud aux numéros 330 et 333)

La population du Conquet se décompose ainsi (mai 1809) : 556 hommes et garçons de tous âges, 643 femmes et filles, soient 1 199 individus dont 129 sont absents au service de terre et de mer.

Autre statistique de juin 1809, 30 hommes présents sont en état de porter les armes, 21 d’entre eux ont des fusils. Il y a dans la commune 30 charrettes, 30 chevaux de train et 6 chevaux de selle.

La mairie se déplace pour aller rue Neuve, les séances du conseil ont lieu dans une chambre au premier étage d’une maison appartenant à François Kéruzoré, pour un loyer de 36 francs par an.

Le 26 décembre 1808, entre au Conquet une prise anglaise la Diana de Dungarvan en Irlande, capturée par trois bateaux de Molène et la péniche garde-côte Telenir du Conquet.  Le 13 mai 1809,  à la vente aux enchères du bateau et de sa cargaison, Pitot emporte un lot de beurre et le bateau avec ses apparaux pour 4 200 francs. La Diana est un brick-senau construit en 1807 d’une longueur de 15 mètres.

En octobre 1809, Pitot écrit au préfet : je ne puis marcher, je suis absolument privé de l’usage de la main droite et très souvent je ne puis me servir de la gauche (il n’a pourtant que 42 ans), il réclame d’être relevé de ses fonctions et propose pour le remplacer Jean Marie Le Guerrannic.

François Marie Pitot meurt le 11 septembre 1816 au Conquet, il est âgé de 49 ans.

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