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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 14:35

Le fondateur du domaine, Jules Alexandre Petitcuénot

 

A l’entrée du cimetière de Lochrist un caveau de famille accueille le visiteur arrivant par la place du hameau. Sur son fronton rien, à l'intérieur une plaque : Petitcuénot

Le monument est bien entretenu, cependant le souvenir de cette famille semble avoir disparu de la mémoire conquétoise.

C’est dans le passé de Ker an Aod qu’il faut enquêter.

 CAVEAU.JPG

Le cadastre de 1841 sur la hauteur à gauche depuis Portez jusqu’à la pointe des Renards, comporte une collection de champs, pâtures et terres labourables, relevant de différents propriétaires. La batterie des Renards sur la pointe restera le seul « bâti » jusqu’à l’édification du sémaphore du Cruguel en 1861.

 

Vers la fin du XIXe siècle, Le Conquet, écrit le maire Hippolyte Levasseur en 1888, « est une station de bains de mer très fréquentée dans l’été ». En effet des Brestois mais aussi des « Parisiens » commencent à y édifier des villas,  par exemple « Ker Mor Vraz »  près de Sainte-Barbe, la première bâtie sur la corniche, c’est aussi le cas de Jules Alexandre Peticuénot qui, par l’acquisition de parcelles au-dessus de Portez vers    KER-MOR-VRAS.jpg 

 

 la pointe des Renards, se constitue un vaste domaine (achat à Hortensius Tissier  en octobre 1890 des numéros 530, 531, 538, 563, 571, 572), sans doute pour compléter un ensemble de terrains déjà en sa possession car la vaste demeure qui vient d’être construite, désormais baptisée Ker an Aod, (maison de la plage), héberge au recensement de 1891, Jules Petitcuénot, 55 ans, propriétaire, son épouse Jeanne 38 ans, leur fille Marie 14 ans, plus Eulalie Bailly, institutrice, une jeune anglaise Mona Gertrude Somers 17 ans, deux cuisinières Mathilde Forment et Adélaïde Agombart et, un domestique Jean Marie Lainé.

En 1892, un mur de clôture est construit, enserrant le domaine.

 

Un malheur frappe la famille car madame Petitcuénot : Marie Hortense Jeanne Thibault, née à Paris, meurt le 7 septembre 1893, âgée d’un peu plus de 40 ans. Le décès est déclaré à la mairie par Edouard Brousmiche  médecin principal de la Marine en retraite, commandeur de la Légion d’Honneur, bienveillant, et par Hippolyte Deurbergue propriétaire, cousin de la défunte. Ces deux messieurs sont en villégiature au Conquet. L’acte d’état-civil est cosigné par Henry Pethiot adjoint-maire, médecin au Conquet.

En 1893, une épidémie de choléra sévit au Conquet et dans les îles de l’archipel de Molène, mais rien de prouve que madame Petitcuénot ait été emportée par ce mal.

 KER-AN-AOD.jpg

 

 

Jules Alexandre ne quitte pas Conquet, en 1896, il habite toujours Ker an Aod avec sa fille Marie, la jeune anglaise et deux domestiques. En novembre de cette année-là il est en concurrence avec un conducteur des Ponts et Chaussées pour l’aliénation du terrain de l’ancienne chapelle Sainte-Barbe. Ce dernier, Henri Riou devant quitter Le Conquet il semble que Petitcuénot ait pu faire affaire en 1897.

 

Dans les années qui suivent,  Jules Alexandre Petitcuénot et sa fille abandonnent leur résidence du Conquet. La grande maison de Ker an Aod n’est plus habitée (recensements de 1901 et 1906) que par Jean-Louis Jézéquel et Mathilde Forment, domestiques.

  

Ker an Aod passe à la famille Deurbergue (alliée des Petitcuénot)

 

Le dénombrement de 1911, nous indique que les seuls occupants permanents sont toujours Jean Louis Jézéquel né en 1862 à Trébabu, domestique  et Mathilde Forment née en 1864  à Edamps (Eure), chef gérante pour monsieur Deurbergue domicilié à Versailles, 5 rue Jacques Boyceau. Donc Ker an Aod a changé de mains, c’est le cousin de la défunte madame Petitcuénot qui en est le nouveau propriétaire.

 

Les Deurbergue sont imprimeurs à Paris, j’ai noté mention d’anciens plans de Paris, auteur Franklin Alfred sortis en 1880  des presses d’Hippolyte Deurbergue, typographe, pour Léon Willem libraire. Le fils, Hippolyte Alfonse Deurbergue, dont il est question ici est marié avec Marie Cécile Jeanne Petitcuénot.

 

Les propriétaires ne  résident pas au Conquet, Ker an Aod fait l’objet de locations, surtout l’été. Deurbergue possède en outre en immeubles de rapport, la villa Dom Michel, plus une maison neuve construite en 1912-1913 à droite de la route menant de la ville à Portez, (actuel N°7 rue Sainte-Geneviève), et une autre à Kerlohic.

 La-plage-de-Portez_-09.jpg

(En haut à droite, la "Maison neuve")

 

La saison 1913 fait le plein de touristes au Conquet, les trois hôtels sont complets, (hôtel Sainte-Barbe, hôtel de Bretagne et hôtel du Port). La villa de Ker an Aod est très sollicitée, sur la liste d’attente en cas de désistement, on trouve le capitaine de frégate Duperré alors logé à l’hôtel Continental à Brest. Ker an Aod est décrite comme très vaste, possédant plusieurs chambres à coucher, cuisine, salle à manger,  laiterie, grand jardin clos de murs, et avoisinant la grève de Portez.

 

 Les autres villas cossues attirent aussi les estivants, Ker Mor Vras peut se louer juin, juillet, août pour 1 000 francs, mais sans linge ni couverts, elle comporte 12/13 pièces. La villa Taburet près de la gare du tramway, offre 7 lits dans 11 pièces, possède garage et remise, location à 700  francs, la villa Dumezin en sortie de ville au bout sud de la rue de Kerdacon (aujourd’hui angle des rues de Verdun et Le Gonidec) est proposée à 500  francs du 1er juillet au 29 septembre, meublée. Le propriétaire monsieur Dumezin habite Le Pressoir en Boutigny dans la Seine et Oise.

(Pour mémoire, le tramway électrique entre Brest et Le Conquet est en service depuis 1903 et le vapeur Travailleur assure un service régulier avec Molène et Ouessant, ce sont deux atouts touristiques importants).

 

Un détour par Quimper, le bouton à quatre trous

 

Dans le courant de cet été là, le notaire Andrieux du Conquet fait passer une note à monsieur et madame Deurbergue, à Kerbernez, Quimper. Ce domaine (en Plomelin) a été acheté en 1884 par Alexandre Massé, manufacturier, et son épouse Julie Petitcuénot,( sans doute une soeur à madame Deurbergue) pour y fonder un orphelinat et une école d’agriculture et d’horticulture. Le Quimpérois avait bâti sa fortune avec une invention simple, le bouton à quatre trous, d’une bien meilleure tenue que celui à deux trous, ce qui avait ouvert à son usine parisienne des marchés internationaux lucratifs.

 

Revenons à Ker an Aod, je ne pense pas que Deurbergue y vienne bien souvent, toutes les locations, travaux etc ... se font par l’intermédiaire du notaire Georges Andrieux qui se charge aussi de percevoir les loyers. Une seule fois entre 1912 et mi-1914, le notaire prévient un futur locataire que le propriétaire souhaite passer quelques jours au début août au Conquet. Conquet58.jpg

A droite le mur de Ker an Aod sur la corniche "Beg al louarn"

 En haut à droite, à nouveau la "maison neuve"

 

 

La famille Deurbergue, vend en 1925 la propriété de Ker an Aod aux de Blois,

 

Charles Joseph Marie de Blois était un descendant de la maison de Châtillon, c’est-à-dire du « bienheureux » Charles de Blois prétendant à la couronne ducale de Bretagne, mort de ses blessures  pendant la guerre de Succession, à la bataille d’Auray en 1364.  Son épouse, Marthe Marie Mathilde de Saint-Pol avait pour lointain ancêtre le connétable de Saint-Pol, qui eut un destin tragique sous Louis XI. Le mariage a eu lieu le 11 décembre 1907 en l’église cathédrale d’Orléans.

 

En 1940 l’armée allemande réquisitionne la maison et les terres pour y loger 30 sous-officiers et soldats et 6 chevaux. Plus tard ce sera une résidence pour officiers de la Kriegsmarine.  Son infirmerie accueillera les blessés de l’Enez-Eussa mitraillé sous pavillon allemand, par des avions anglais le 10 avril 1943.

 KER-AN-AOD-DE-BLOIS---Copie.jpg

Les de Blois récupéreront leur bien à la Libération  mais leur fils, Gérard Ghislain de Blois, qui disait au Conquet en juin 1940 : « Moi je ne veux pas aller planter des patates en Poméranie! », sous-lieutenant au Bataillon d'Infanterie de Marine du Pacifique, mortellement blessé au combat dans la région de Hyères après le débarquement en Provence, est décédé  le 23 août 1944 à l’ambulance chirurgicale légère de la 1ère division française, 15e RTS. Mort pour la France son nom est gravé sur le monument aux morts du Conquet.

                                                        

                                                                        JPC.  Décembre 2013

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 10:06

« Tevel hag ober » « Se taire et faire », variante : "Se taire et agir" 

 

Le Conquet : chapelle Notre-Dame de Bon-Secours

Pierre Du Val, sieur de Kerret et son épouse Margueritte Kermarec, demeurant sur le port du Conquet, et possédant différents biens dans la trêve de Lochrist, font donation le 6 septembre 1673 à l’église, « d’une petite maison couverte en ardoises, située au Conquet sur la rue menant de Saint-Christophe à Kerafrice, en laquelle est décédé dom Michel Le Nobletz, ainsi que son jardin…

En échange Pierre Du Val et Margueritte Kermarec seront libérés d’une rente de six livres tournois par an qu’ils devaient à l’église d’après le testament de demoiselle Isabelle Du Val leur tante.

En outre ils donneront cent livres tournois pour transformer la maison en chapelle et pour avoir droit de faire placer à leurs frais leurs armes et devises sur la maîtresse vitre de cette chapelle ».

Chapelle-nd-de-bon-secours.jpg

 Dessin signé L ar G ( ?), extrait de La Vie du Vénérable Dom Michel Le Nobletz, par le Vénérable Père Maunoir. Chanoine H. Pérennès, Saint-Brieuc 1934.

 

La maisonnette fut transformée en oratoire puis en chapelle sous le vocable de Notre-Dame de Bon-Secours. Mais rien ne prouve que le blason des Du Val de Kerret ait été mis en place.

 

Je ne sais pas comment le premier des du Val de Kerret est arrivé au Conquet au XVIIe siècle, sans doute par mariage.

En 1670, (état-civil) j’avais autrefois noté Pierre du Val sieur de Kerret, Jean du Val son fils.

En 1688 (ADF), déclaration de renonciation à la succession tant mobilière qu’immobilière de N.H François du Val demeurant au Conquet, de la part de sa femme demoiselle Anne Le Moal.

1708,  (état civil), mariage de François du Val, veuf de défunte Marguerite Pronost, et demoiselle Françoise Deincuff, fille d’écuyer Hervé Deincuff,  et de demoiselle Anne de K/ian.

 

Les armes de cette famille originaire de la région de Morlaix (Saint-Martin des Champs) étaient :

« D’argent à deux pigeons d’azur affrontés, becqués et membrés de gueules, becquetant un cœur de gueules.  (C’est-à dire : sur fond couleur argent, deux pigeons de couleur bleue, face à face, aux becs et pattes rouges, picorant un cœur rouge). Avec quelques variantes suivant les illustrateurs.

Leur devise était comme indiqué en titre « Tevel hag ober », « Se taire et faire».

chap-nd-de-bon-secours-arm-Du-Val-Kerret.jpg

Représentation des armes des Du Val de Kerret. Michel Mauguin. Armorial de la grande paroisse de Plougonvelin. 2004.

 

Ma curiosité a été récemment attirée par la mention d’une devise semblable existant dans un vitrail de l’église de Brasparts et aussi dans un vitrail du transept sud de la petite chapelle de la Madeleine dans la paroisse de Pleyben.  Je m’y suis donc rendu.

 chapelle-de-La-Madeleine-Pleyben.JPG

Cette chapelle dépendait de la seigneurie de Quillien, toute proche, dont le manoir appartenait déjà au  XVIe siècle à la famille de Kerret. Sur les terres de ce lieu noble, réduit à l’état de ferme (bâtiments annexes  aujourd’hui restaurés), a été édifié entre 1851 et 1861 pour Maurice de Kerret, un vaste château d’inspiration Louis XIII.

chateau-de-Quillien-Pleyben--2-.JPG

Ma surprise, fut de découvrir que le maître d’œuvre de cette grande maison bourgeoise fut Joseph Bigot (Quimper 1807-1894), architecte principal du département du Finistère, puis directeur des édifices diocésains à partir de 1837, celui-là même à qui on doit la reconstruction de la « nouvelle »  église du Conquet, bâtie entre 1855 et 1858, à laquelle a collaboré Ernest Le Guerrannic, (Le Conquet 1831 - Saint-Brieuc 1915). fils du maire du Conquet, Jean-Marie Le Guerrannic et de Marie-Jeanne Provost,  architecte de l’arrondissement de Brest puis concepteur de nombreux monuments religieux dans le Finistère et dans les Côtes-du-Nord). (Voir Ernest Le Guerrannic Wikipedia).

 

Les armes des de Kerret figurent au-dessus de la porte d’entrée du château de Quillien.

  

On trouvera une riche étude sur la famille de Kerret,  sous l’adresse http://www.tudchentil.org/img/pdf/kerret_de_2

 

chap-nd-de-bon-secours-arm-Du-Val-Kerret-001.jpg

 

                                        JPC 30 mai 2013

 

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 15:16

L'ANCIEN ABRI DU CANOT DE SAUVETAGE - Place Saint-Christophe.

 

En écho au compte-rendu du Conseil Municipal du 19 septembre 2012, joint à la « Feuille Info » du Conquet datée du 27 septembre, concernant l’acquisition par la municipalité  du bâtiment de la place Saint-Christophe, premier abri du canot de sauvetage en 1866-67, voici un historique du bâtiment que le maire du Conquet en 1961, le jugeant inesthétique, voulait faire raser pour édifier à sa place un « calvaire de style breton ».

st-xtof-abri-coop001.jpg

 

Ceci en complément d’un article concernant la chapelle et la place Saint-Christophe que j’ai publié sur ce blog le 4 février 2009.

 

Les débuts difficiles de la station de sauvetage du Conquet

 Partout, pouvoirs publics, municipalités et personnes privées apportent leur aide désintéressée à l'implantation d'abris et à l'installation de canots, partout sauf au Conquet où l'affaire se présente mal.

L'ingénieur général des Ponts et Chaussées chargé par son administration de trouver dans le département les terrains convenables à l'installation de cabanes-abris pour canots de sauvetage, déclare qu'au Conquet l'endroit le plus propice à cet effet est: "... un petit plateau situé à la pointe Saint-Christophe, entre le chemin de ronde qui contourne le port et la falaise qui borde le rivage, terrain sans propriétaire connu, réputé inutilisable et donc sans valeur marchande.."  D'un point de vue pratique, pire eut été impossible à trouver! Mais ce n'est pas cela qui provoque la colère des élus. Le conseil municipal, par la voix de son maire (François Marie Podeur) réagit sur l'appartenance du terrain: "Cet espace a de tout temps appartenu à la commune du Conquet, si on le lui enlève, il faut payer un dédommagement". (Evoquant l’existence en ce lieu de la chapelle Saint-Christophe, détruite vers 1855, et réputée alors bien communal).

La situation en dépit des interventions du préfet reste bloquée de longs mois, enfin un compromis est signé en août 1866: il stipule que la commune reste propriétaire du terrain dont elle rentrera en jouissance le jour où cessera la destination spéciale "Poste de sauvetage". la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés paiera par an 5 francs de location dont quarante annuités d'avance. La construction de la cabane-abri peut commencer dès le versement des deux cents francs.

 

Les difficultés de lancement du canot persistent (1867-1890)

Pendant toutes ces années le canot de sauvetage est toujours remisé sur son chariot dans sa cabane-abri du plateau Saint-Christophe. Pour le mettre à l'eau il faut toujours réquisitionner les chevaux d'une ferme afin de l'amener au Drellac'h et gréer des palans de retenue pour le faire descendre la cale ouest, puis bien souvent réatteler les chevaux pour une traversée à marée basse du port ... (en 1886, au cours d'une mise à l'eau de nuit, un homme qui aide à la manoeuvre glisse, les deux jambes écrasées par une roue du chariot il ne survivra pas)....

 

Pourtant fin 1876, a été inaugurée la digue Saint-Christophe, on aurait pu penser à un transfert immédiat de l'abri du canot à l'enracinement de la falaise et à la construction d'une rampe en pente douce pour la descente du chariot, mais pas du tout... Cependant, en 1873, lors des travaux, l’ingénieur en chef du département du Finistère « avait été invité à faire opérer la translation de la maison abri du canot de sauvetage » (SCSN séance du 4 sept 1873).

 

 Le maire  (Hippolyte Levasseur)  dans un courrier du 23 février 1889 au président du comité local de sauvetage, constate que "l'impossibilité de mise à l'eau du canot à toute heure de marée est un lourd handicap en cas de naufrage à basse-mer de vives eaux", à témoin cet exemple qu'il cite: "Il y a 17 ou 18 mois, le vaisseau Le Fulminant a touché une roche pour ainsi dire à l'entrée du Conquet. Ce navire aurait été perdu si la mer avait été grosse et l'équipage aurait couru de grands dangers s'il n'avait pu prendre place dans les canots du bord. Le canot de sauvetage n'aurait pu se porter au secours des naufragés, le peu de solidité des fonds dans le port ne permettant pas au chariot de dépasser la mi-marée aux époques de syzygies.

 

Maternité occasionnelle :  par suite de mauvais temps ou de manque de vent, la traversée Béniguet-Le Conquet ayant pris plus de temps que prévu, Elisa Lannuzel, épouse de Jean-Louis Causeur, venue sur le continent pour accoucher chez des parents, a donné naissance à mon grand-père Jean Causeur dans cet abri du canot de sauvetage au matin du 26 janvier 1877. (JPC).

 

CONSTRUCTION D'UN NOUVEL ABRI

L'année 1890, le canot est installé dans un nouvel abri à l'enracinement du môle St Christophe (actuel vivier et magasin de mareyeur). Les mises à l'eau sont dès lors plus faciles et  plus rapides, cependant à grande marée basse le canot n'est toujours pas opérationnel. Cette situation perdurera  pendant plus de quarante ans...

 

LA QUESTION DE LA PROPRIETE DU PREMIER BATIMENT :

 

Dès le transfert du canot dans son nouvel abri, les Ponts et Chaussées s’installent dans une moitié de l’ancien local. L’autre partie est occupée par le canon lance-amarres et ses apparaux, auparavant remisés dans une cabane au Drellac’h. (Les fusils et canons lance-amarres de la SCSN sont sous la responsabilité des douaniers et manœuvrés par eux)

DRELLACH-CABANE.jpg

Sous la croix blanche, la cabane du fusil et du canon lance-amarres, non loin du poste de la douane.

 

Le local est convoité par l’armée : le 20 mars 1908, le lieutenant-colonel Mouy, chef du Génie, s’adresse au maire du Conquet : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que le général commandant le 11e corps d’armée, m’a donné l’ordre d’étudier dans quelles conditions pourrait être installé au Conquet, un poste destiné au logement des militaires se rendant à Ouessant ou en revenant.

Le gardien de batteries du Conquet m’a rendu compte que vous seriez assez disposé à mettre à la disposition de l’autorité militaire la partie de l’ancienne cabane du canot de sauvetage actuellement occupée par le service des Ponts et Chaussées.

Je vous prierai de vouloir bien me faire connaître dans quelles conditions pourrait se faire cette mutation et avec qui il y aurait lieu de traiter pour arriver à une solution ».1-ABRI-CS-1-P-ET-C.jpg

 

Le vice-amiral Duperré, président national de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés – SCSN, que l’on interroge sur la propriété du local est bien embarrassé pour répondre, il ménage la chèvre et le chou :

« Je ne sais pas à qui appartenait le terrain autrefois »

« Il y a d’une part la commune du Conquet à laquelle je désire être agréable, qui réclame la propriété du terrain et d’autre part le service des Ponts et Chaussées qui nous rend de nombreux services et avec qui je tiens à conserver les meilleures relations et qui veut garder la jouissance de son magasin.

 

Il m’est bien difficile de prendre une décision qui léserait assurément les intérêts de l’une ou l’autre des parties.

Le mieux est pour la commune du Conquet est de prendre un accord avec le service des Ponts et Chaussées, j’espère que la chose n’est pas impossible ».

 2-st-xtof--abri-p-et-c.jpg

Le bâtiment porte à son fronton au-dessus du portail "Ponts et Chaussées"

 

Le 6 avril 1908,  l’ingénieur des Ponts revient à la charge. « Monsieur le maire, j’ai l’honneur de vous faire connaître que la partie de l’ancien abri du canot de sauvetage que nous occupons est très utile, car ce magasin est le seul assez sec pour y remiser le ciment et les objets craignant l’humidité et y faire coucher l’été le personnel occupé aux travaux de balisage. Par contre nous pourrions cesser d’utiliser le petit bâtiment dans lequel était remisé autrefois le canon porte-amarres de sorte qu’il serait possible que la SCSN cède à la commune la partie de l’abri actuellement occupé par ce canon, lequel reviendrait à son ancien local.

Je pourrais si vous le désirez proposer cette solution au président de la SCSN. »

 

Le 20 juin 1908, la situation est clarifiée, l’ingénieur Vicaire des Ponts et Chaussées, confirme que la commune peut affecter aux troupes de passage la moitié du local, en l’entretenant en bon état, le reste restant magasin des Ponts.

 

Détournement d’utilisation par la commune

La partition semble donner satisfaction à chacun, quand bien des années plus tard, en 1930, l’ingénieur Lambert s’emporte contre la municipalité conquétoise : « Depuis 1928, la commune a affecté à usage d’habitation la moitié du magasin qui est occupé par des gens sales, d’une inconduite notoire, au détriment du bâtiment. Nous P et C, avons beaucoup de matériel en dépôt : pétrole, bois de pitchpin, ciment, fers, outillage et vous pouvez vous rendre compte que notre local est trop exigu ».

« J’ai donc le regret d’être obligé pour toutes les raisons invoquées ci-dessus de vous prier de bien vouloir faire évacuer les personnes logées, dans le délai le plus court possible, afin de rendre au service des Ponts et Chaussées la totalité de la place dont il a besoin.

J’ajoute qu’en cas d’incendie, la responsabilité de la commune se trouverait engagée, un magasin ne devant pas constituer un logement.

 

Par la suite les Ponts et Chaussées, y ont autorisé un bureau pour la Douane et un autre pour le maître de port. (Ci-dessous :  1, bureau du port ; 2, bureau de la Douane)

ELD-0043--DETAIL.JPG

Après la guerre 1939-45, ils ont concédé à  la « Coopérative des Pêcheurs » un espace de 18 mètres carrés comme entrepôt.

 ch-abris-cs-0.jpg

Etat des lieux vers 1955, la porte ouverte, surmontée d'un mât de pavillon est celle donnant sur le bureau de la Douane.

En 1999, la partie « magasin » du bâtiment était inoccupée, la municipalité a envisagé d’y installer le « musée du Conquet », fermé lors des travaux de transfert de la Mairie à Beauséjour. Le loyer demandé par les Ponts et Chaussées était exorbitant, le projet est resté sans suite.

 

Depuis la « Coopérative Maritime » y a réinstallé son magasin.

st-xtof-abri-coop006.jpg

 

Sources : Histoire du sauvetage en mer au Conquet (JPC), archives SCSN, archives municipales et divers. 5 octobre 2012 ; JPC.

(Photos JPC, collection cartes postales JPC)

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 10:05

En complément à l'article Le Conquet, Le Bilou, Porsfeunteun.

 

Le "coffre du Bilou"

Je me suis rendu ces jours derniers au Musée Préhistorique Finistérien, à la pointe de Penmarc'h.

Le coffre du Bilou y est toujours à l'honneur, reconstitué dans une fosse, au milieu d'une salle bien éclairée.

 

Voici ce dit le commentaire :

"Coffre à rainures et à parois inclinées.

Composé de six dalles de micaschiste avec grenats [il se trouvait] dans un tertre très bas, surplombant une carrière voisine du Bilou, près Le Conquet.

Signalé par le docteur Taburet et acquis par le musée de Penmarc'h.

Relevé et reconstitué par le commandant Morel, suivant son orientation, et une dalle rabattue pour faire voir l'intérieur.

Mobilier insignifiant, quelques restes d'ossements sur un lit de petits galets de grève.

La dalle de recouvrement est surmontée de deux pierres quartzeuses.

Attribué à l'âge du bronze.

  Remarquable par son étancheité, due à l'ajustage parfait du biseau des petites dalles dans les rainures des grandes dalles.COFFRE-DU-BILOU-1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Ci-dessus à gauche, une dalle rabattue. (Photo JPC)

 

COFFRE-DU-BILOU-2.jpg

Le coffre vu de l'autre côté de la fosse. (Photo JPC)

 

(Age du bronze armoricain : -1700 à -450) 

 

Je n'ai toujours pas trouvé la localisation exacte de la découverte, ni sa date? Un lecteur en sait-il plus.

 

Note personnelle : je vous encourage à visiter le Musée Préhistorique Finistérien, à proximité de la pointe de la Torche, il en vaut vraiment la peine.

                                                                                05-septembre-2012 / JPC

                                   

 

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 18:29

Complément à propos du sujet « Eglise de Lochrist – Eglise du Conquet », déjà traité sur ce blog (mai 2009).

 

Le coffre-fort

En évoquant la trêve de Lochrist sous l’ancien régime, j’avais signalé qu’elle était gouvernée par un « conseil de paroisse », avec à sa tête le recteur, assisté  d’un marguillier (trésorier) et d’un certain nombre de membres, tous anciens marguilliers ou syndics.

 

Les réunions de ce conseil se tenaient le dimanche matin après la grand-messe  dans une pièce au-dessus de la sacristie. Dans cette salle se trouvait un coffre renfermant les archives, les titres de propriétés, les valeurs monétaires, le registre des délibérations et bien d’autres documents importants. Ce coffre possédait trois serrures différentes, une clé était conservée par le recteur, une autre par le marguillier en exercice, la troisième par un des membres du conseil. Il fallait réunir les trois clés pour ouvrir le coffre.

 

De l’argent était toujours en sécurité dans ce meuble lors des premières années de la Révolution, puisque le 6 janvier 1792, la municipalité du Conquet obtient l’autorisation de du Département, de faire l’ouverture du coffre et d’y prélever 900 livres… en promettant le remboursement.

 

Je n’avais alors aucune idée précise concernant la nature du « coffre-fort ». Or il se trouve qu’à l’occasion d’une visite dans l’église de Brasparts, j’ai vu ce meuble, appelé "coffre de conseil de paroisse", XVIIIe, avec ses trois serrures. Je ne pense pas me tromper en disant que celui de Lochrist était de même facture. En bois très épais et très lourd, renforcé de cornières et de lattes en métal, avec les trois serrures « réglementaires ». A l’intérieur toute une batterie de 8 petits tiroirs, au-dessus d’un plus grand.

  

 QUIMERCH-DIM-16-10-11050.jpg

  Coffre fermé, on distingue verticalement les trois serrures

 

 QUIMERCH-DIM-16-10-11049.jpg

  Coffre ouvert, les tiroirs apparaissent

  

 QUIMERCH-DIM-16-10-11046.jpg

 Détail de la serrure supérieure, les autres sont identiques

 Photos JPC, Dimanche 16 octobre 2011 

  

L’église de Brasparts est en travaux, ce qui explique que le coffre habituellement mis en valeur, est environné de bancs et objets divers.

                                                                          

                                                                          JPC octobre 2011

 

 

 

  

 

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 17:08

 

Le bizlou, bislou ou bilou

(Bil, pluriel Bilou, signifie hauteur ou pointe)

 

La préhistoire

La trace d’habitat dans le secteur du Bilou est fort ancienne puisque remontant au moins au mésolithique  (aux environs de – 8 000 av J.C). C’est Armand Cudennec, voisin du site qui y a repéré (après des pluies, dans le champ labouré voisin de son domicile) les silex taillés. Il en a recueilli de pleines bourriches. Après une identification des pièces par l’archéologue départemental du Finistère, plusieurs années ont passé. Ce n’est qu’en 1999 qu’une prospection de surface et des sondages ont été réalisés par le service régional de l’Archéologie de Bretagne, avant la création d’un lotissement sur le gisement.

En ce qui concerne ce sujet il faut consulter l’article : « Le Mésolithique moyen en Finistère, nouvelles datations pour le groupe de Bertheaume », par Stéphane Blanchet, Olivier Kayser, Grégor Marchand et Estelle Yven. Paru dans le Bulletin de la Société préhistorique française,  2006, tome 103, N°3, p 507-517.

 Accessible via Internet parhttp://www.persee.fr/web

 

Autre trace préhistorique plus récente puisque de l’âge du Bronze :  le coffre funéraire du Bilou, composé de six dalles de micaschiste avec grenats était enfoui dans un tertre très bas, surmontant une carrière voisine du Bilou, avec comme mobilier intérieur des restes d’ossements et des galets de grève.  Démonté et transporté au musée préhistorique finistérien à Penmarc’h il y est toujours est exposé. (Date de la découverte ?)

 

Plus près de nous, le manoir du Bizlou, autre écriture pour Bilou. On trouvera la chronologie des familles ayant possédé le manoir du Bizlou sous l’Ancien régime, dans l’ouvrage d’Yves Lulzac, « Chroniques oubliées des manoirs bretons », Nantes 1994, pages 5 à 12.

Dans le passé de la famille de Kersulguen, les historiens rappellent volontiers ce drame du 29 juin 1718, quand Vincent de Kernatous, propriétaire du manoir du Prédic, avec l’aide efficace du seigneur du Bizlou, écuyer  Hervé de Kersulguen (parfois dit « Henri »), son parent, assassina son locataire, maître François Le Duff, avocat au parlement.

Condamnés à mort par contumace, les deux compères furent pendus en effigie à Saint-Mathieu, on ne les aurait jamais revus. (Archives du Finistère, série 11B).

 

On note dans l’Etat-Civil du Conquet le décès à 53 ans, en 1747 d’écuyer François Corentin de Kersulguen capitaine de Ploumoguer et de Trébabu, seigneur du Bilou, veuf de Marie Thérèse de Kerleau dame du Bilou.

Comme tous les nobliaux du Conquet au XVIIIe, les Kersulguen vivaient de peu, et le manoir fut bientôt réduit à l’état de ferme, loué à des métayers puis vendu.

   A4 BILOU hameau-copie-1

Le cadastre de 1841 nous montre la parcelle 1855 (actuellement en bordure de la rue de La Tour d’Auvergne), comportant une maison et les bâtiments de ferme, appartenant à Jean Martin Leven qui en exploite les terres.

Sur ce même cadastre, on note à proximité : N° 1351, parc ar Milin Avel, le champ du moulin à vent. Moulin dit du « Renar», du « Cruguel », ou parfois du « Bilou ». Et également une mention Ar Mengleus, la carrière, sans doute comblée puisque la parcelle 1357 est référencée « pâture ».

Louis Le Guennec (+1935), en dit seulement : « le petit manoir du Bizlou, autrefois aux Kersulguen, s’appuie sur une tour ronde découronnée ». (Le Finistère Monumental).

 

Pors feunteun , la crique de la fontaine.

 Au temps de la navigation à voile, les capitaines cherchaient sur les côtes des lieux de mouillages faciles, à proximité de sources ou de fontaines vers lesquelles ils pourraient expédier leurs canots avec des matelots chargés de remplir des tonneaux d’eau douce, pour la consommation du bord. Ces « aiguades » ils les répertoriaient soigneusement pour les fréquenter en sûreté, en fonction des vents et des courants.

 FONT-BIL-BLG-copie-1.jpg

La fontaine du lavoir du Bilou, à sec et à demi comblée (juin 2011)

 

On connaît le Feunteun Aod de la pointe du Raz, fontaine de la grève, dont le nom prononcé en français a donné Fontenoy. Le raz de Sein a porté un temps le nom de raz de Fontenoy.

Pors Feunteun a aussi porté le nom de Pors Doun (= profond),  sans doute des bateaux calant peu d’eau pouvaient-ils s’approcher au plus près de la côte.

D’autres points d’eau locaux pouvaient être utilisés par les navires de passage, fontaine de Portez, sources dans l’aber du Conquet (Cosquies), fontaine entre la pointe de Kermorvan et les Blancs-Sablons etc…

La petite plage dite aujourd’hui du Bilou pouvant être un point de débarquement pour l’ennemi en cas de conflit, Vauban décida d’y établir une batterie côtière, dite batterie de Pors Feunteun. Délaissée, puis réhabilitée en 1758, la batterie se composait d’une terrasse d’artillerie, d’un petit corps de garde, d’une poudrière, d’une guérite et d’un four à rougir les boulets.Cette année-là, 4 canons de 18 armaient la batterie, qui était commandée par un enseigne et un aide-canonnier de Marine, les "gens du port" de Brest étaient 3, un garde-magasin complétait le personnel "militaire de carrière", la milice garde-côte se composait d'un capitaine et de 24 canonniers.

BILOU-PLAN-2-blg.JPG

Batterie de Pors-Feunteun, d'après le plan du Génie-1817- Archives de la Marine -  série Z Brest   - 1 : four à rougir les boulets, 2 : corps de garde, 3 : guérite, 4 : terrasse d'artillerie

 

BILOU-PLAN-1817-blg.jpg

Plan du corps de garde, carton du génie, 1817, série Z, archives de la Marine (Brest)

 

Le 2 avril 1793,  sur le procès verbal des commissaires nommés pour la vérification des forts et batteries de la côte, depuis Toulbroc’h jusqu’à et non compris l’Aber-Ildut, on lit : " Port-Feunteun, cette batterie est complètement abandonnée, les pierres des plateformes ont été enlevées…"

1793, 15 juin, des travaux sont commencés : "à Pors-Fontaine où les pièces seront dans peu de jours montées, il n’y a pas de corps de garde, ni de maison à plus de deux portées de fusil. Ou il faut nous envoyer une tente, ou il faut bâtir un corps de garde en planches. Signé Kerbabu.

 

Une maison capable d'accueillir une trentaine de canonniers, avec un magasin à poudre en pignon, a été bâtie peu après, en même temps que celle de Toul al Logot en Plougonvelin.

Il n’est pas dit que la batterie de Pors Feunteun ait jamais eu à tirer un coup de canon, encore moins de lancer des boulets rougis au feu, mais pour un ennemi approchant du Conquet, entre la batterie de Porsliogan et celle des Renards, elle avait un effet dissuasif d’approche.

Comme toutes les petites batteries côtières, elle a été désarmée en 1867, puis à la fin du XIXe vendue par les l’administration des Domaines à des particuliers, comme résidence d’habitation.

maison-bilou-blg.JPG

 

maison-bilou-blg-2.JPG

Je n’ai que de très mauvaises photos du bâtiment bien exposé sur sa pointe. (Quelqu'un a-t-il mieux?)Pendant la guerre 1939-45, considérant qu’il était un repère trop visible pour les avions anglais ou américains venant bombarder Brest, les Allemands l’ont fait sauter à l’explosif. Il était alors dit « maison Tournès ». 

 (Ci-dessous, l'ancienne entrée de l'enceinte de la batterie, cachée sous le lierre. (2011)

LE-BILOU--l-entree-batterie--2011.jpg

Depuis, la lande de ronces, de spern-du (prunelliers), de fougères, ne cesse d’envahir les ruines. Seule la guérite d’origine, qui a été revêtue de ciment, quoique « taguée »,  monte toujours fidèlement la garde.

guerite-blg.jpg

 

 La terrasse d’artillerie au parapet empierré, facile d’accès il y a peu d’années, disparaît aujourd’hui sous la végétation. On en distingue vaguement la courbure depuis la plage du Bilou et de mer.

     pte bilou plateforme artillerie Blg

Carrières :

 

 A4 PORS FEUNTEN blg

La falaise de la crique a été longtemps exploitée comme carrière de pierres plates : les dalles du Conquet. En 1841, la municipalité (Lombard) qui manque toujours autant de ressources pour venir en aide aux nombreux malheureux du Conquet, pense alors à ouvrir de nouvelles carrières de pierres plates (schistes), dans les terrains incultes de Pors Feunteun (Le Bilou) et de Portez qui lui appartiennent. Double but : faire entrer de l’argent pour subvenir aux besoins des pauvres en vendant les pierres aux communes environnantes et fournir du travail aux carriers qui seront payés pour les pierres de 25 cm à 1,25 m, un centime par pièce ou un franc par cent et pour celles de 1,25 m et au-dessus, deux centimes par pièce. On accusera plus tard les carriers d’avoir complètement détruit le relief rocheux naturel prolongeant en mer la pointe Sainte-Barbe  et offrant au Conquet un rempart contre la houle de sud-ouest.  On a vu récemment les dalles de schistes disparaître des trottoirs du Conquet au nom de la modernité.

 

Bilou-zone-de-carrieres-blg.jpg

 

Récolte du goémon

La grève du Bilou était accessible aux charrettes de goémoniers, qui pouvaient venir directement sur le sable avec leurs attelages pour charger le précieux engrais. Pourtant on distingue en haut de falaise un mur empierré qui semble bien avoir supporté une pierre de davied (Voir le chapitre davied sur ce blog)

bilou-mur-davied-blg.jpg

 

 Erosion

Aujourd'hui la grève du Bilou, contournée par le GR34 est une petite plage familiale bien tranquille même si l'érosion due aux infiltrations des pluies dans les failles du schiste et les coups de boutoir des tempêtes provoque régulièrement l'hiver des effondrements de blocs rocheux, au détriment des portions sablonneuses.

 bilou effondrements

 

 (Photos couleur, JPC 2010-2011)                               JPC : juin 2011

 

                                                                                                                                                     

 

 

 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 17:04

L’îlot de Coz-Castel dans les « Glazennou »

kermorvan-et-coz-castel024.jpg

Lors du salon « La Mer en Livres » au Conquet les 30 avril et 1er mai 2011, j’ai été questionné au sujet de petite île « déserte » que l’on peut atteindre à marée basse dans la ria du Conquet légèrement à l’est de l’ancienne usine de Poulconq.

coz-castel-maree-haute004.jpg

Coz Castel qui est son nom, signifie en breton Vieux Château, il y a, paraît-il une différence d’époque si l’on se trouve en présence d’un lieu appelé Castel Coz, château vieux. Je laisse aux spécialistes le soin de nous éclairer là-dessus.

Les « glazennou », le mot vient de glazenn = pelouse, gazon, en raison de la végétation verte et rase qui recouvre un plateau de vase durcie, parcouru par des « canyons » étroits et profonds, (il y a encore quelques années de 2 mètres ou plus), s’effondrant et se planifiant régulièrement. Le tout est recouvert à marée haute .

Observons quelques cartes anciennes :

 Bachot--1624-DETAIL---Copie.jpg

Carte de Jérôme Bachot 1624, (orientée nord en bas, sud en haut), détail. Le Coz Castel est mentionné sous l’appellation « Isle du Chãu ». Ceci ne permet pas de distinguer si le cartographe signale l’îlot comme appartenant au château de Kerjan plus à l’est, ou comme portant un château. 

 

Delavoye4-V-1675---detail.jpg

Une des cartes de Delavoye, géographe de Louis XIV, dessinée vers 1675. Ici la légende est en français,  Isle du Vieux Châtel, le ruisseau de Kerjan et celui de Trébabu confluent au nord de l’îlot. Le château de Kerjan est dessiné , la pointe de Pen ar Vir (Penver) signalée. Une chaussée portant un moulin à marée barre la sortie de l’étang de Kerjan.

Conquet--1816---Beautemps-Beaupre.jpg

Plan du port du Conquet – Beautemps-Beaupré 1816, détail. Marée basse, deux ruisseaux sortent de l’étang de Kerjan par le déversoir du moulin, l’un conflue à Pen ar Vir avec celui venant de Trébabu, l’autre les rejoint à l’est immédiat du Coz-Castel, qui est encerclé d’eau.

feuille-A2-detail-1841---Copie.jpg

Cadastre de 1841, l'îlot n'y est pas, et il n'est toujours pas répertorié sous un numéro de parcelle en 2011.

  

 etat-major-cozcastel-kerjan.jpg

Carte d'état-major de 1907, les deux ruisseaux confluent au sud de l'îlot de Coz Castel dont l'élévation est notée 7,8 mètres au-dessus du fond, à sec.

 

Les sondages de l’automne 1992, faits dans le cadre d’un inventaire du patrimoine conquétois. Acteurs : Armand Cudennec, colonel d’artillerie en retraite, peintre et archéologue amateur et Jean-Pierre Clochon, administrateur du musée d’Histoire Locale.

Première constatation : l’îlot de Coz Castel n’a jamais été cadastré. Pas plus sur Le Conquet que Ploumoguer ou Trébabu et il ne l’est toujours pas (2011).

Avec l’autorisation du maire du Conquet et l’accord de la direction des services archéologiques départementaux, le défrichement du sommet de la butte a pu s’effectuer. Il s’agissait pour nous de mettre à jour d’éventuelles traces d’occupation et en particulier de découvrir les restes d’une éventuelle construction militaire, genre tour ou petit corps de garde, justifiant le nom de l’îlot.

Le Coz Castel mesure dans son plus grand axe 35 m, pour 28 m dans sa petite largeur (nord-sud). Pour une hauteur au-dessus du sable à marée basse d’environ 7 à 8 mètres.

 

Extraits du rapport d’Armand Cudennec, communiqué au service archéologique départemental.

"La première « découverte » fut celle de l’emplacement d’un four à soude (XIXe ou début XXe), Nous avons rouvert la tranchée en vain, toutes les dalles de parement avaient disparu. Par contre la terre végétale qui comblait partiellement la fosse nous a livré quelques galets de silex comparables à ceux que l’on peut trouver sur l’estran autour de l’îlot.

 coz-cast-plan-general.jpg

Plan général dressé par Armand Cudennec. Les dessins particuliers de détails, sont difficiles à transcrire ici.

 

En décapant la terre végétale un peu plus largement nous avons fait trois constatations :

- 1/ cette terre est truffée de débris d’ardoises dont certains portent un trou de pointe, c’est la première confirmation de la présence sur le site d’une construction ancienne assez soignée. (On nous avait signalé l’existence d’un abri de goémonier sur le Coz Castel entre les deux guerres, mais ces « saisonniers » ne couvraient pas les toits de leurs cabanes d’ardoises).

- 2/ quelques pierres du type moellon reposent sur le sol argileux sous-jacent. Elles fournissent des alignements encore incohérents, compte-tenu de la faible surface prospectée. S’agit-il des soubassements d’une tour qu’évoque le nom de Coz Castel et qui se devine par le sommet bien circulaire de l’îlot, d’un diamètre approximatif de 8 mètres.

- 3/ la terre végétale nous a encore livré des « galets aménagés ». Nous pensons que leur présence dans la couche supérieure est le résultat des terrassements successifs de la tour médiévale et du four à soude. Le gisement se situant vers le centre de l’îlot, à quatre ou cinq mètres au-dessus des hautes marées doit pouvoir exclure tout risque de confusion avec des délestages de bateaux de commerce au temps de la voile.

La similitude de tous ces galets ne peut à notre avis être le simple fait du hasard, d’autant que presque toutes les arêtes sont marquées de micro-fractures de percussion, ainsi que les talons du cortex. En ce cas les silex trouvés précédemment sur l’estran-ouest sont vraisemblablement les témoins d’un sol peu à peu grignoté par la mer. Certains galets de quartzite semblent avoir été aussi aménagés".

(Ndlr, j'ai un cageot d'échantillons divers provenant de ces sondages)

 

A la suite de ce courrier daté du 2 novembre 1992, monsieur Le Goffic, archéologue départemental du Finistère,  venu sur place visiter le site et expertiser les galets de silex a considéré qu’il ne s’agissait que de lest abandonné par des bateaux, donc sans intérêt.

 

Après cette conclusion, nous avons continué quelques temps à dégager ce qui nous paraissait être la base d’une tour, ramassant toujours beaucoup de débris d’ardoises, dont une assez grosse percée d’un trou, et des restes d’un ciment blanc-gris, très grossier confectionné à base de sable coquillier.

 

Si le site avait intéressé les archéologues « professionnels », nous aurions continué à y travailler sous leur contrôle, ou bien ils y auraient ouvert un chantier de fouilles officielles. Comme ce ne fut  pas le cas, contents d’avoir de façon quasi certaine, localisé une petite tour de guet, nous avons laissé la végétation reprendre possession du Coz Castel.

  coz-cast-four.jpg

 L'emplacement du four à goémon dégagé des broussailles. Toutes les dalles de parement fond et côtés avaient disparu.  Dans la terre meuble nous avons trouvé quantité de galets de silex et morceaux de quartz, pour beaucoup paraissant avoir été apprêtés.

Une tour pour quoi faire ?

A mon avis, cette tour ou bien était un poste avancé du château de Kerjan-Mol (peu probable?) ou bien était chargée de surveiller le passage à gué qui existait là entre la rive sud (direction Saint-Mathieu) et la rive nord de la ria du Conquet vers les "Abers". Ou peut-être était-elle  un relais dans un réseau de tours d’observations, situées plus en aval dans la ria, depuis l’ouverture sur le chenal du Four,  destinées à véhiculer par signaux optiques ou sonores l’approche d’ennemis, vers Kerjan et l'intérieur des terres. 

 

Gué ou écluse à poissons?

Entre l'extrémité Est des bâtiments de Poulconq et le Coz Castel, un aménagement de grosses pierres traverse le ruisseau actuel. Est-ce un gué établi par les goémoniers quand ils occupaient l'îlot? mais comme les blocs canalisent le courant en le renforçant on peut penser à un barrage destiné à capturer des poissons à la descendante avec un filet tendu dans la passe étroite? J'aimerais être renseigné.

coz-castel-gue-ou-ecluse.jpg 

 

L'îlot de Coz Castel, est connu aussi au Conquet sous le nom d'île aux Puces, d'île au Trésor... terrain de jeux et d'aventures pour les enfants avant d'être enfoui sous une dense et épineuse végétation. Cet article réveillera peut-être des souvenirs chez certains d'entre vous.

             coz-castel-suite018.jpg                                                             

 Photos couleur, Jpc (1er et 2 mai 2011).  FIN PROVISOIRE DE L'ARTICLE.

  

 

 

 

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 12:17

Dans les dernières années, j'ai souvent milité pour que la belle statue de saint Jean évangéliste, du portail de l'église Sainte-Croix au Conquet,  privée de sa tête retrouve son intégrité. (Voir articles sur ce blog)

 

Depuis hier, mardi 14 décembre 2010, c'est chose faite. A l'initiative de monsieur Marcel Quellec, adjoint municipal à la culture, un spécialiste de la société Pierre Floc'h de La Chapelle-Caro (Morbihan), est intervenu pour cette restauration.

 

La tête "volage" mais intacte, conservée dans une dépendance de la mairie, a été fixée au cou par une broche en inox, puis collée à la résine et les finitions ont été réalisées avec de la poussière de pierre mélangée à de la résine. Un travail sérieux et soigné comme j'ai pu le constater.

 

st-jean001.jpg

 

La statue de saint Jean restaurée,

Photo 14 décembre 2010 /jpc

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 15:22

Moulin à marée de l'étang de Kerjan

 

Si on est familiers (du moins en images) des moulins à eau, avec leur grande roue à aubes,  verticale sur le pignon de la maison, il est un autre type de moulin moins, ou pas connu du tout, du grand public.

 moulin-a-roue-trebabu.jpg

                  Moulin à eau « classique » Trébabu.

 Je dois à Jean Chevillotte (association Phase, Plougonvelin) de m’avoir initié sur le sujet.

Le moulin bâti sur la chaussée de retenue de l’étang de Kerjan, paroisse puis commune de Trébabu,  était à roue horizontale immergée dans un puits, fonctionnant grâce à une chute d’eau à la manière d’une turbine. L’étang se remplissait à la marée montante, lorsqu’il se vidait à la descendante, une dérivation alimentait la chute d’eau.

 moulin-de-kerjan-1.jpg

.

etat-major-kerjan-detail.jpg 

Carte de situation du moulin à marée.

 

Nommée « rodet » dans de nombreuses régions, cette «roue à ailettes » était appelée « pirouette » dans le Finistère. La meule à grains,  fixée parallèlement à la « pirouette » sur le même axe vertical tournait avec celle-ci.

"Pirouette" d'un moulin du Finistère.

pirouette-conduit-d-eau.jpg

 

Ci-dessous :"Rodet du moulin de Nougayrol, Castanet le Haut. Provenance Wikipédia."

_Rodet-du-moulin-de-Nougayrol---Castanet.le.Haut.jpg

Ci-dessous, la « pirouette » du moulin de Kerjan, récupérée il y a quelques années, dans la vase, par messieurs Jean et Yves Chevillotte, se trouve au musée de Saint-Mathieu.

Pirouette-1--grise.jpg

 Ci-dessous une autre vue du moulin de Kerjan, au début du XXe siècle. Le moulin est la bâtisse à gauche, de la cheminée de la maison du meunier sort un panache de fumée.

moulin-kerjan-cp-2.jpg

 Ci-dessous, une vue du chemin vicinal arrivant en droite ligne de Lochrist par Creac'h ar Stang. Après avoir traversé le barrage de l'étang et être passé devant le moulin, le voyageur continuait sa route vers Saint-Renan ou Ploumoguer.

moulin-de-kerjan--chemin.jpg

 Fin août, début septembre 1944, les soldats allemands avaient installé un canon en bas ou à proximité de ce chemin creux. Le moulin pouvant favoriser la progression des Américains s'ils arrivaient par la route ou les bois de Kerjan, il a été détruit à la dynamite. (Si un lecteur peut préciser la date? merci d'avance

 

  Ci-dessous, état des lieux vers 1950-55.

moulin-de-kerjan-1955.jpg

Question : sait-on quand le moulin a cessé ses activités?

 

Autre moulin à "pirouette":  le moulin d'en-bas, Milin Izella à Trébabu

 

milin-izella-ancien.jpg

 Le moulin d'en-bas, à gauche sur l'image, au début du XXe siècle et ci-dessous le même lieu vers 1950-55

moulin-d-en-bas-cp-1955.jpg

 La "pirouette" du moulin était alimentée en eau par les ruisseaux et étangs de la propriété "chateau de Kermorvan".

 

Même question, quelqu'un sait-il quand les deux moulins, moulin d'en-haut et moulin d'en-bas ont cessé leurs activités?

 

     Fin provisoire de l'article, avec mes remerciements à Jean Chevillotte.

                                        JPC novembre 2010.

 

                                       

 

 

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 17:55

BATTERIE DE QUINZE ET FORT DE 1849

Sur quelques cartes postales d'avant la seconde guerre mondiale,  on repère plus ou moins facilement une grande maison dont le toit est surmonté d'une sorte de clocheton.

 

batterie inconnue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 COM-0019.JPG

  Il me semble qu'il s'agissait du corps de garde de la batterie dite de Quinze. Deux batteries du dispositif des Blancs-Sablons étaient désignées par des numéros : la batterie de Treize, près de la redoute des Blancs-Sablons, (ancien camping), et cette batterie de Quinze entre le bout nord de la plage et la crique du Perzic.

 La plage des Blancs Sablons 06

Pour mémoire, les canons d'une batterie se trouvaient placés sur une plateforme, derrière un parapet, au plus près de la côte, les soldats logeaient dans des corps de garde à proximité, ou éventuellement sous la tente.

 

Au milieu du XIXe siècle, suites aux menaces de guerre avec l'Angleterre, les côtes de Frances ont été garnies de forts, fortins, réduits ou redoutes. A l'extrémité nord de la plage des Blancs-Sablons a été construite une redoute, que l'Atlas des bâtiments militaires de 1854 répértorie comme :

 

-Batterie de 15, réduit, construit en 1849, modèle 1846, type N°3. Caserne d’artillerie prévue pour 1 officier et 16 hommes avec magasin à poudre de 3 500 kg. En bon état. Logement du gardien, cuisine, citerne 15 m3.

Et mentionne également un bâtiment construit en 1757, logement du gardien, en bon état. Ce bâtiment est donc sauf erreur de ma part, le corps de garde qui servait précédemment de caserne à la batterie de Quinze.

 ELD-0037--2-.JPG

(La plateforme des canons devait se trouver en bord de falaise en gros sous le mot "garde".)

 

 Je ne sais pas si cette maison a eu un usage "civil" après le déclassement des batteries à la fin du XIXe. Les seules cartes postales où on la distingue datent d'avant la guerre 39-45. Quand et pourquoi a-t-elle été démolie, la question est posée. (Elle se trouvait alors sur la commune de Ploumoguer)

batterie-de-quinze.jpg

 Le fort daté au fronton de sa porte de 1849, dont la plateforme a été arrasée et cimentée est propriété municipale. Accès non sécurisé, interdit. La parcelle est inscrite au cadastre du Conquet : "Batterie de Quinze, 000 H 380, 126 m² (?!).

 

Toute information pour compléter cet article m'intéresse.  Merci.   12 nov 2010 / JPC

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

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